Elections 2025 : ouverture de campagne pour des scrutins déterminants dans la Vème République

La transition engagée le 30 août 2023 à la suite du coup d’État militaire mené par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) entre dans sa phase décisive. Après l’élection de Brice Clotaire Oligui Nguema à la présidence de la République, le pays s’apprête à vivre un moment charnière avec la tenue des premières élections législatives et locales de la Vᵉ République. La campagne électorale, qui s’est officiellement ouverte ce 17 septembre 2025 à minuit, constitue une étape importante d’un processus marqué par de profondes réformes institutionnelles et par une attente forte de la population, le renouvellement de l’élite politique.
Ces scrutins, inédits sous le nouveau cadre constitutionnel, vont tester grandeur nature les réformes mises en place durant la transition. Nouveau Code électoral, loi sur les partis politiques, mécanismes de transparence renforcés. Les innovations sont nombreuses mais leur application est déjà mise à rude épreuve à la faveur de ce double scrutin. La Commission nationale d’organisation et de contrôle des élections et du référendum (CNOCER), pilotée par le ministère de l’Intérieur, a dû faire face à des critiques récurrentes de la classe politique.
Entre accusations de partialité et erreurs administratives, certains ont même réclamé sa dissolution. Hermann Immongault et ses équipes ont dû revoir leur copie à plusieurs reprises, notamment en publiant la liste complète des colistiers aux élections locales, afin de garantir un dépôt de recours plus transparent devant les juridictions compétentes.
La promesse de renouvellement
Sur le plan politique, cette campagne électorale de dix jours se distingue par une recomposition profonde du paysage. De nombreux ténors ont volontairement cédé la place à une nouvelle génération, témoignant d’une volonté affichée de renouvellement. Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, a choisi de soutenir des jeunes acteurs plutôt que de briguer un mandat. À l’Union nationale, des figures comme Jean Gaspard Ntoutoume Ayi et Maître Sarah Ognyane incarnent cette relève. À l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), parti créé par le chef de l’État, plusieurs jeunes personnalités se lancent pour la première fois dans l’arène électorale : Mays Mouissi, son secrétaire général, Alban Ossinga Onanga, député de la transition. Parmi les visages du renouveau, on peut également citer Maître Anges Kevin Nzigou, candidat ambitieux à la mairie centrale de Libreville, qui veut mettre un terme aux équilibres ethniques.
La campagne de 2025 n’est pas seulement marquée par les partis traditionnels. La société civile, particulièrement active durant la transition, s’avance désormais avec l’ambition de transformer son rôle de force de contestation en pouvoir institutionnel. Des leaders tels que Geoffroy Foumboula Libeka, Leonel Engonga ou Marcelle Libama veulent convertir leur notoriété acquise dans l’hémicycle de la transition en sièges parlementaires. Ils entendent porter les aspirations des populations longtemps frustrées par un système politique verrouillé. De nouvelles figures émergent également, à l’image d’Haresse Kengue, qui incarne le visage d’un changement générationnel dans le 6ᵉ arrondissement de Libreville.
Ces caciques qui résistent
Malgré l’essor de nouvelles figures, les « anciens » de la vie politique refusent de disparaître du paysage. Plusieurs personnalités liées au régime d’Ali Bongo demeurent en lice, soit sous les couleurs du Parti démocratique gabonais (PDG), soit après avoir rejoint l’UDB, soit encore en créant leurs propres structures. Jean François Ndongou se présente à Mandji, Luc Oyoubi ambitionne la mairie d’Okondja, et Stéphane Germain Iloko tente sa chance à Mimongo. Mais aussi d’autres figures comme Eloi Nzondo, transfuge du PDG, passé à l’UDB, Jeannot Kalima, Angélique Ngoma et même Blaise Louembe. Leur persistance illustre une volonté de s’imposer dans cette nouvelle ère politique, malgré l’appel au renouvellement porté lors du Dialogue national inclusif d’Angondjé.
Ces élections dessineront donc une Assemblée nationale et des conseils locaux composites, mêlant figures historiques et nouveaux visages. Cet équilibre incarne la promesse d’inclusion politique formulée par le président Oligui Nguema dès la transition. Reste au ministère de l’Intérieur et à la CNOCER de relever le défi organisationnel pour garantir la crédibilité du processus. De son côté, le chef de l’État, qui a fait de la transparence son mot d’ordre, a déjà annoncé que les dépouillements se dérouleront devant les caméras de télévision. Les gabonais auront ainsi l’occasion de juger si la Vᵉ République tient réellement sa promesse de rupture.
GMT TV