Derniers articlesPOLITIQUE

Élections 2025 : «manipulation» et «pression», Franck Nguema met la CNOCER face à ses contradictions

Ecouter l'article

Dans une charge frontale, Franck Nguema dénonce une « manipulation politique » orchestrée lors des législatives dans le 2ᵉ arrondissement d’Akanda. Il accuse la CNOCER, présidée par le ministre de l’Intérieur, d’avoir inversé les résultats en 24 heures, pour favoriser un duel plus avantageux à son rival.

Le bras de fer post-scrutin à Akanda 2ᵉ prend des allures de test grandeur nature pour la crédibilité de la CNOCER. En conférence de presse ce 30 septembre, Franck Nguema, candidat du Congrès national pour la démocratie et le changement (CNCD), a dénoncé ce qu’il qualifie d’« escroquerie politique sur fond de trafic d’influence ». Selon lui, l’institution électorale aurait opéré une inversion « express » des résultats pour « choisir l’adversaire du 2ᵉ tour », une manœuvre qu’il impute à un « candidat en panique ».

Deux proclamations contradictoires en 24 heures

Les faits sont connus : le dimanche 28 septembre, le ministère de l’Intérieur proclame Franck Nguema en tête avec 879 voix (21,31 %), suivi de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi (UN) à 870 voix (21,10 %). Mais le lendemain, lundi 29 septembre, une seconde annonce redistribue totalement les positions : Pascal Franck Nze Ndong (UDB) est propulsé en tête avec 1 699 voix (22,17 %), devant Ntoutoume Ayi (1 622 voix ; 21,16 %) et Nguema relégué en troisième position (1 596 voix ; 20,82 %).

« Comment comprendre que l’on puisse inverser la hiérarchie sans respecter la procédure collégiale prévue par la loi ? », interroge le candidat, qui évoque un constat d’huissier confirmant l’absence des procès-verbaux de centralisation « à l’affichage comme au secrétariat de la commission locale ». Pour lui, cette disparition interroge la transparence et l’intégrité du processus.

Reconstitution alternative et cadre légal

S’appuyant sur les procès-verbaux affichés devant les 54 bureaux du siège, Franck Nguema affirme avoir procédé à une reconstitution des chiffres. Selon son calcul, les résultats “réels” classeraient le CNCD en tête avec 1 489 voix (22,6 %), suivi de l’UDB (1 444 ; 21,9 %) et de l’Union nationale (1 364 ; 20,7 %). Une hiérarchie qui, dit-il, confirme son avance initiale.

Il rappelle à cet effet l’article 19 du Code électoral qui confère à la commission électorale locale la gestion des opérations de dépouillement et de centralisation, en présence des scrutateurs et représentants des candidats, avec affichage public des procès-verbaux. « Cette règle n’a pas été respectée », insiste-t-il. En outre, il invoque l’article 361 de la loi organique n°001/2025, qui autorise l’annulation partielle ou totale en cas d’irrégularités flagrantes.

Rectification nécessaire ou reprise du scrutin

Face à ces contradictions, Franck Nguema appelle la CNOCER à « assumer ses responsabilités » : « soit elle rectifie publiquement les résultats en tenant compte des PV affichés, soit elle reprend l’intégralité du scrutin sur le siège d’Akanda 2ᵉ », a-t-il tranché.

En écho, l’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER) a publié un communiqué invitant la CNOCER à corriger les « erreurs matérielles » affectant les résultats annoncés. Cet appui institutionnel conforte la position du candidat, qui voit dans cette séquence une épreuve de vérité pour l’arbitre électoral.

Une crise de confiance nationale

L’affaire dépasse le seul périmètre d’Akanda. En exposant ces contradictions, Franck Nguema met en lumière une crise de confiance qui pourrait fragiliser la crédibilité de l’ensemble du processus électoral. « Quand l’arbitre donne deux lectures contradictoires en 24 heures, ce n’est plus le peuple qui choisit, mais le fait du Prince », a-t-il lancé.

À quelques jours du second tour, la CNOCER est ainsi sommée de clarifier sa position. Faute de rectification transparente, le soupçon de manipulation pourrait durablement marquer ces élections, transformant un duel politique en procès de légitimité pour l’institution chargée de les arbitrer.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page