Élections 2025 : le gouvernement promet une «transformation» de la culture électorale

Réuni autour du vice-président du gouvernement Alexandre Barro Chambrier, l’exécutif a dressé vendredi 3 octobre un premier bilan politique du double scrutin du 27 septembre. Si les membres du gouvernement reconnaissent des dysfonctionnements majeurs, ils affirment vouloir amorcer une véritable mutation de la culture électorale au Gabon.
Des scrutins marqués par les « vieux réflexes ». Entre fraudes, procurations irrégulières, transhumance électorale et achats de conscience, les législatives et locales de 2025 ont ravivé les plaies d’un système électoral encore fragile. Plusieurs membres du gouvernement, également candidats, ont reconnu avoir été à la fois témoins et victimes de dérives ayant « écorné la sincérité du processus ».
« Notre pays sort de très loin. Il y a une culture électorale, une façon de faire les élections qui n’a pas commencé aujourd’hui. Nous sommes en marche vers la transformation, mais il y a encore des mentalités à faire évoluer », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, à l’issue du conseil de cabinet.
Une déclaration qui sonne comme un aveu lucide : malgré les réformes institutionnelles engagées depuis 2023, les pratiques politiques demeurent marquées par des comportements contraires à l’éthique démocratique.
Vers une refondation du comportement électoral
Tout en reconnaissant que le Code électoral n’interdit pas explicitement la transhumance, le gouvernement condamne désormais fermement « l’abus » de cette pratique, souvent utilisée pour influencer le vote local. « Il faut analyser les choses avec recul. Cela prend du temps, mais une transformation s’impose au niveau de la conception même de ce qu’est une élection », a insisté Laurence Ndong.
Le gouvernement promet d’agir sur trois leviers : la formation des acteurs politiques et électoraux ; la sensibilisation citoyenne sur la valeur du vote ; la révision législative pour introduire des dispositions contraignantes contre les dérives constatées.
« Un vote ne se monnaie pas. L’élection politique est une question de conviction, de projet et de construction du pays », a martelé la porte-parole, appelant à un sursaut de responsabilité collective.
Un test de crédibilité pour la Vᵉ République
Alors que les contestations se multiplient à travers le pays, cette promesse d’« évolution culturelle » marque la volonté du gouvernement de se repositionner en garant d’une démocratie apaisée. Mais elle soulève aussi une interrogation majeure : comment réformer un système que nombre de ses acteurs actuels ont contribué à dévoyer ? Entre nécessité d’assainissement et pression politique, la Vᵉ République joue ici sa crédibilité. Car pour les Gabonais, la transformation annoncée ne se mesurera pas aux discours, mais à la rigueur des actes et aux premières réformes légales qui en découleront.
Si cette sortie gouvernementale a le mérite de reconnaître les dérives du 27 septembre, elle confirme aussi que la transition démocratique reste inachevée. Le véritable défi n’est plus seulement institutionnel — il est désormais culturel.
GMT TV