Élections 2025 : la responsabilité politique d’Hermann Immongault face au scandale des procurations

En reconnaissant, dans une circulaire officielle datée de ce mercredi 1er octobre 2025, dont Gabon Media Time a reçu copie, l’existence de fraudes massives liées aux procurations lors du scrutin du 27 septembre, Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur et président de la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER), a ouvert une brèche politique majeure. Car au-delà des dispositions pénales brandies contre les fraudeurs, c’est sa propre responsabilité politique qui se trouve désormais engagée.
Une reconnaissance lourde de conséquences. Dans sa note circulaire, Hermann Immongault a dénoncé « des manœuvres » consistant à confier à certains électeurs plusieurs procurations ou à laisser circuler des carnets entiers entre des mains non habilitées. Une reconnaissance officielle qui, en apparence, vise à encadrer le second tour. Mais en réalité, elle vient valider les accusations formulées depuis des jours par la classe politique et une bonne partie de la population, qui dénoncent un système de fraude institutionnalisée.
En tant que président de la CNOCER, Hermann Immongault ne peut s’exonérer de cette responsabilité : il n’est pas seulement un ministre de l’Intérieur qui constate des irrégularités, il est celui qui a supervisé l’organisation du scrutin. Sa parole engage le gouvernement et donc l’État.
La responsabilité politique d’un ministre arbitre
La loi est claire : l’article 19 du Code électoral place sous la responsabilité des commissions locales l’organisation et la régularité des opérations. Mais le ministre de l’Intérieur, en tant que président de la CNOCER, est le garant ultime de la crédibilité du processus. Reconnaître des fraudes sans qu’aucune sanction immédiate ne soit annoncée équivaut à un aveu d’impuissance – ou pire, de complaisance.
Cette contradiction fragilise la position d’Hermann Immongault. Car si des fraudes massives ont bien eu lieu, elles entachent l’ensemble du scrutin qu’il a dirigé. Et si elles n’avaient pas eu lieu, alors pourquoi alerter les commissions locales par une circulaire aussi grave ? Dans les deux cas, sa crédibilité politique est directement en jeu.
Le coup d’État du 30 août 2023 avait été justifié par le refus de cautionner des « résultats tronqués ». Deux ans plus tard, l’histoire semble se répéter, mais cette fois sous la responsabilité d’un ministre de la Transition censé garantir la rupture. La reconnaissance par Immongault de fraudes aux procurations résonne comme une défaite symbolique : celle d’une promesse de transparence qui se fissure au cœur même du processus électoral.
Une responsabilité politique qui appelle des comptes
La responsabilité pénale des fraudeurs est une évidence juridique. Mais la responsabilité politique, elle, ne peut être évacuée : Hermann Immongault doit répondre de la gestion du scrutin qu’il a lui-même encadré. Sa mission n’était pas de constater les irrégularités après coup, mais de les prévenir et de les empêcher.
À l’heure où la Cour constitutionnelle examine les recours déposés, une question s’impose : un ministre de l’Intérieur qui reconnaît l’existence de fraudes massives peut-il encore incarner la neutralité et la fiabilité que requiert sa fonction ? Ou doit-il assumer politiquement les conséquences de son propre aveu ?
GMT TV