Élections 2025 : Franck Nguema brandit des PV « irréguliers » et réclame la rectification immédiate des résultats

Au lendemain de deux lectures contradictoires de la CNOCER, Franck Nguema (CNCD) dénonce une « escroquerie politique » et exhibe, procès-verbaux à l’appui, des anomalies qu’il estime invalidantes dans plusieurs bureaux d’Akanda 2ᵉ. Le candidat exige soit la rectification publique des chiffres, soit la reprise intégrale du scrutin.
La séquence électorale dans le 2ᵉ arrondissement d’Akanda s’est doublée d’une bataille des chiffres. Dimanche 28 septembre, le Ministère de l’Intérieur, agissant au nom de la CNOCER, annonce Franck Nguema en tête (879 voix ; 21,31 %), devant Jean Gaspard Ntoutoume Ayi (870 ; 21,10 %). Lundi 29 septembre, une seconde lecture renverse la hiérarchie : Pascal Franck Nze Ndong (UDB) 1 699 voix (22,17 %), Jean Gaspard Ntoutoume Ayi 1 622 (21,16 %), Franck Nguema 1 596 (20,82 %). Une discordance que le candidat du CNCD qualifie d’« escroquerie politique » et qu’il relie à « un trafic d’influence » destiné à « choisir son adversaire du 2ᵉ tour ».
Des procès-verbaux au cœur de la contestation
Au centre de l’argumentaire, six procès-verbaux dits « irréguliers » : CES Akanda/Angondjé Ntom n°3 ; CES Louis Bigman n°4, 6, 8 et 15 ; CES Avorbam n°7 et 9. Selon Franck Nguema, ces documents affichés à la sortie des 54 bureaux d’Akanda 2ᵉ présentent des manquements substantiels : mentions obligatoires absentes (« inscrits », « votants », « enveloppes », « nuls », « exprimés ») et écarts matériels entre enveloppes et émargements.
Exemples cités par le candidat : au CES Louis Bigman n°4, 162 enveloppes comptabilisées pour 158 émargements ; au bureau n°6, 170 enveloppes pour 167 émargements. Au CES Avorbam n°7, le PV indique 153 suffrages exprimés alors que le total des « suffrages par liste » atteint 156. Au CES Akanda/Angondjé Ntom n°3, plusieurs rubriques essentielles manqueraient à l’appel. « Les faits sont têtus », martèle Franck Nguema, évoquant un constat d’huissier et affirmant que les PV de centralisation de la commission locale seraient devenus « inaccessibles » après les annonces.
Cadre légal et responsabilité de l’arbitre
Sur le plan juridique, le candidat se fonde sur l’article 361 (alinéa 1, tiret 7) de la loi organique n°001/2025, qui cite comme cause d’annulation partielle ou totale la constatation d’un nombre d’enveloppes supérieur au nombre d’émargements. Il rappelle aussi que les commissions locales gèrent et valident les opérations (art. 19), en présence des scrutateurs et représentants, avant affichage et transmission des PV.
La double proclamation publique – à 24 heures d’intervalle – place la CNOCER au centre d’une crise de confiance. « Comment comprendre qu’en moins de 24 heures, on inverse la hiérarchie sans dérouler la procédure collégiale habituelle ? », interroge Franck Nguema, qui dénonce « un processus de correction express » non conforme à l’esprit du Code électoral.
« Corriger les erreurs matérielles »… ou revoter
L’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER) a, de son côté, invité la CNOCER à rectifier les « erreurs matérielles » relevées après la seconde annonce. S’appuyant sur cette prise de position, le candidat pose un ultimatum procédural : « Annoncer de nouveau les résultats du siège unique d’Akanda 2ᵉ en tenant compte des erreurs signalées ou reprendre l’intégralité du scrutin conformément à la loi ».
Au-delà de la querelle de chiffres, la méthode est en cause. Pour Franck Nguema, la disparition de PV de centralisation « à l’affichage et au secrétariat », la discordance entre enveloppes et émargements, ainsi que certaines incohérences de totaux suffisent à entacher la fiabilité des résultats provisoires. « Hier donneur de leçons de morale, aujourd’hui on fait pire que ce qui était décrié », tacle-t-il, accusant « un candidat en panique » de vouloir « choisir son adversaire du 2ᵉ tour ».
Un test de crédibilité pour la CNOCER
La traçabilité des PV est la clé de voûte de la confiance électorale. Si les irrégularités matérielles alléguées sont établies, la rectification publique s’impose ; si leur ampleur affecte la sincérité du vote sur le siège, la reprise du scrutin devient la voie la plus sécurisante juridiquement. À défaut, la crédibilité de l’arbitre national pourrait être durablement atteinte.
Dans l’immédiat, la balle est dans le camp de la CNOCER, sommée de mettre en cohérence ses données avec les procès-verbaux affichés et de sécuriser la chaîne de centralisation. « Les PV parlent », résume Franck Nguema. Pour la suite, c’est leur intégrité, et la transparence des corrections qui diront le droit.
GMT TV