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Élections 2025 : Entre improvisation et illégalité, le spectre d’une élection non crédible

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À dix jours du double scrutin législatif et local, prévu pour le 27 septembre et le 11 octobre 2025, le doute grandit sur la capacité réelle du Ministère de l’Intérieur à organiser un processus électoral crédible. Pour le parti Ensemble Pour le Gabon (EPG), la situation actuelle illustre une dangereuse combinaison « d’improvisation, d’impréparation et de précipitation », trois mots qui résument l’inquiétude.

Des textes ignorés, une légalité bafouée. La première alerte tient à la violation flagrante de l’article 202 alinéa 6 du Code électoral, qui impose la publication de la liste définitive des candidats retenus 30 jours au moins avant le scrutin. Or, le Ministère de l’Intérieur n’a rendu publique cette liste que les 15, 16 et 17 septembre, soit 12 jours seulement avant le vote. « Ce n’est plus une entorse, c’est une violation manifeste de la loi », s’indigne l’EPG, qui y voit un signal inquiétant : si le Ministère lui-même piétine ses propres textes, comment garantir le respect du reste de la procédure ?

Une préparation entachée de précipitation

À ce manquement légal s’ajoute une impréparation logistique criante. La liste électorale, pièce maîtresse du scrutin, n’a toujours pas été publiée à ce jour. Conséquence directe : les primo-votants, les électeurs ayant changé de circonscription et ceux radiés de manière contestée n’ont aucun moyen de vérifier leur situation ni de déposer un recours. Or, le contentieux de l’inscription prend entre 19 et 32 jours devant les juridictions compétentes. À dix jours du vote, tout recours devient impossible.

Cette gestion chaotique mine déjà la crédibilité de l’échéance électorale. Bulletins non validés à temps, financements de campagne sans cadre organique, salles de classe réquisitionnées malgré la rentrée scolaire : autant d’éléments qui donnent à voir une élection mal préparée. Pour l’EPG, « la sincérité et la transparence du scrutin sont compromises avant même le premier vote ».

Au moment où le pays aspire à consolider la Cinquième République sur des bases démocratiques solides, l’improvisation du Ministère de l’Intérieur installe le doute et fragilise la confiance. Plus qu’une simple maladresse administrative, ce cumul de manquements jette l’ombre d’une élection non crédible sur un rendez-vous censé tourner la page des crises passées.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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