Elections 2025 : à 12 jours de l’ouverture de la campagne, la CNOCER sous le feu des critiques

Après deux années de transition politique, le Gabon s’apprête à franchir l’ultime étape de son retour à l’ordre constitutionnel avec l’organisation des élections couplées législatives et locales. L’ouverture officielle de la campagne, prévue pour le 17 septembre prochain, symbolise un tournant décisif de ce processus. Dans un climat marqué par de fortes attentes citoyennes, la tenue de ces scrutins doit servir de test pour la solidité des institutions et la crédibilité des réformes engagées depuis 2023.
Pourtant, à douze jours du lancement de la campagne électorale, la Commission nationale d’organisation des élections et du référendum (CNOCER), présidée par le ministre de l’Intérieur, se trouve au cœur d’une tempête de critiques. Chargée de superviser l’ensemble du processus, l’institution est accusée par plusieurs partis et organisations politiques d’orchestrer une organisation chaotique, marquée par des erreurs et des pratiques jugées contraires à l’esprit de transparence.
Des soupçons de favoritisme et de volonté d’écarter
Les premières alertes sont apparues après la publication des listes de candidatures aux élections législatives et locales. Plusieurs formations dénoncent des exclusions arbitraires et des incohérences, rappelant des pratiques héritées du passé. Le parti Ensemble pour le Gabon (EPG) d’Alain-Claude Bilie-By-Nze a par exemple signalé « des erreurs grossières », citant le cas d’un candidat basculé sur une circonscription où il n’avait jamais postulé. D’autres coalitions, comme L’Appel d’Angondjé de Joachim Mbatchi Pambou, vont plus loin et exigent purement et simplement la dissolution de la CNOCER et l’annulation du processus électoral.
Ces contestations se multiplient et trouvent un écho particulier avec le cas de Harlesse Kengue, candidate aux législatives et aux locales dans le sixième arrondissement de Libreville. Son nom avait été écarté des listes sans explication, avant d’être rétabli sous la pression des mobilisations sur les réseaux sociaux. De tels épisodes nourrissent la méfiance des citoyens et renforcent les accusations d’une organisation électorale partiale, peu propice à instaurer un climat de confiance.
Immonault désavoué par le chef de l’État
Face à la montée des critiques, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris la parole pour reconnaître l’existence « d’informations troublantes » liées au processus électoral. Il a rappelé que les opérations de dépouillement se tiendraient « devant la presse », un message perçu comme un désaveu implicite à l’égard du ministre de l’Intérieur et, par extension, de la CNOCER. Cette intervention présidentielle vise à rassurer l’opinion et à réaffirmer l’engagement de l’État pour la transparence des scrutins.
À quelques jours du lancement officiel de la campagne, la CNOCER tente de redresser la barre. Son président a accédé à la demande de l’opposition en publiant la liste complète des colistiers aux locales et en prorogeant le délai des recours devant les juridictions compétentes. Mais la pression reste intense, ces élections constituent un test grandeur nature pour la crédibilité des institutions, à la lumière des changements introduits par la nouvelle Constitution et le Code électoral révisé. La réussite ou l’échec de ce double scrutin pèsera lourd sur la légitimité du retour à l’ordre constitutionnel.
GMT TV