Education nationale : plus de 100 établissements recalés, l’État face à l’urgence d’assainir le secteur
Au Gabon, la 18ᵉ commission ministérielle de l’enseignement privé a rejeté plus d’une centaine de dossiers jugés non conformes, révélant des manquements graves dans le secteur. Entre fermetures annoncées, protection des étudiants et crédibilité du système universitaire, l’État joue désormais une partie décisive.
Les travaux de la 18ᵉ commission ministérielle de l’enseignement privé se sont achevés sur un constat sans complaisance. Réunie sous la supervision du ministère de l’Enseignement supérieur, assurant l’intérim de l’Éducation nationale, la commission a examiné 436 dossiers d’établissements privés. Résultat : 380 ont été retenus, dont 221 pour une habilitation à fond, tandis que plus d’une centaine ont été rejetés pour non-conformité. Un chiffre lourd de sens, qui met en lumière l’ampleur des dérives persistantes dans une partie du secteur privé.
Une commission indispensable pour éviter le naufrage
Loin d’une logique punitive ou politique, la mission de la commission relève de l’intérêt général. Elle vise à vérifier la conformité des établissements aux exigences de l’État : qualité des infrastructures, programmes pédagogiques validés, qualifications du personnel enseignant et respect des normes administratives. Sans ce filtre, l’enseignement supérieur gabonais risquerait de basculer dans une zone de non-droit académique.
Dans cette perspective, la publication attendue de la liste des établissements autorisés et de ceux dont les dossiers ont été rejetés apparaît comme un impératif de transparence. Un exercice souvent redouté par certains promoteurs, mais indispensable pour protéger les étudiants et leurs familles contre des formations sans reconnaissance officielle.
Des manquements graves, des fermetures inévitables
Le rapporteur de la commission, Tristan-Noël Obame Sima, a été on ne peut plus clair : « Il y a un certain nombre d’établissements qu’il faudra fermer pour défaut de décret, non-conformité. Il y a d’autres établissements qui sont proposés à la fermeture et au retrait définitif de dossier. » Des propos qui traduisent la gravité des manquements constatés.
Selon les conclusions, plusieurs structures fonctionnent sans autorisation régulière, avec des infrastructures inadaptées et des programmes ne respectant pas les standards nationaux. Un tableau jugé incompatible avec l’ambition affichée d’un enseignement privé partenaire de l’État.
Étudiants, parents, réputation nationale : les risques sont majeurs
Laisser ces établissements continuer à opérer serait lourd de conséquences. Pour les étudiants, c’est le risque de cursus non reconnus, de diplômes sans valeur et de plusieurs années d’études perdues. Pour les parents, c’est un fardeau financier et moral, après des investissements souvent consentis au prix de sacrifices importants.
Au-delà des frontières, c’est la réputation internationale du Gabon qui est en jeu. Des établissements non conformes tolérés affaibliraient la crédibilité des diplômes gabonais auprès des partenaires académiques et des employeurs étrangers, compromettant la mobilité et l’insertion professionnelle des diplômés.
L’épreuve de vérité pour l’État
Au terme des 48 heures de travaux, les experts ont reçu instruction d’organiser une caravane sur le terrain afin de traquer les établissements privés refusant de se conformer aux procédures d’ouverture et de création. Une étape décisive. Car au-delà des rapports et des chiffres, c’est l’application effective des décisions qui dira si cette réforme marque un véritable tournant.
Assainir le secteur, restaurer la confiance et garantir des formations crédibles : l’enjeu est désormais clair. Pour l’État gabonais, il s’agit moins d’une opération administrative que d’une épreuve de crédibilité.








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