Education nationale : l’État face à l’épreuve de vérité contre plus de 100 écoles illégales
Face à la prolifération d’établissements privés non conformes, l’État gabonais annonce une caravane nationale pour traquer plus de 100 structures illégales, publier une liste noire et restaurer la crédibilité du système éducatif. Une initiative saluée sur le principe, mais accueillie avec prudence dans un pays marqué par des précédents peu concluants et des résistances bien ancrées.
Au terme de 48 heures de travaux de la 18ᵉ commission ministérielle de l’enseignement privé, la décision est tombée : une descente sur le terrain sera organisée pour identifier, contrôler et, le cas échéant, fermer les établissements privés opérant en marge de la réglementation. L’instruction donnée aux experts est claire : faire respecter les procédures d’ouverture et de création des écoles privées supérieures laïques sur toute l’étendue du territoire.
Les chiffres avancés donnent la mesure du problème. Sur 436 dossiers examinés, 380 ont été retenus, dont 221 habilitations à fond, tandis que plus d’une centaine ont été jugés non conformes. En creux, c’est l’ampleur d’un secteur gangrené par l’approximation, voire la fraude, qui apparaît au grand jour, au détriment de milliers d’étudiants et de leurs familles.
Transparence annoncée, scepticisme persistant
Dans la logique institutionnelle, la publication des listes — établissements autorisés d’un côté, structures recalées de l’autre — devrait s’imposer comme un acte de transparence élémentaire. Mais au Gabon, l’annonce suscite autant d’attentes que de doutes. Les promoteurs de certains établissements épinglés disposent parfois de relais dans les sphères d’influence, nourrissant la crainte d’une opération édulcorée.
L’opinion publique adopte ainsi une posture prudente, presque résignée : voir pour croire. Sans communication claire, exhaustive et assumée, la défiance persistera. Car au-delà des communiqués, c’est bien la capacité de l’État à assumer politiquement et administrativement les conséquences de ses décisions qui est scrutée.
Une caravane pour « percer l’abcès »… jusqu’au bout ?
L’idée d’une caravane médiatisée, allant de site en site pour constater les manquements, fermer et sceller les établissements illégaux, est forte sur le plan symbolique. Elle traduit une volonté de rupture avec les pratiques laxistes du passé. Mais l’expérience invite à la retenue.
En octobre 2019 déjà, une opération similaire avait été menée. Bilan : 57 établissements examinés, 12 fermés ou interdits d’ouverture. Six ans plus tard, le phénomène a non seulement persisté, mais il a doublé. On parle désormais de plus de 100 structures à fermer. Une inflation qui interroge sur l’efficacité réelle des actions précédentes et sur la capacité de l’administration à assurer un suivi durable.
Restaurer l’autorité de l’État et protéger les étudiants
La mission de la commission n’a pourtant rien d’arbitraire. Elle vise à vérifier la conformité des établissements aux standards exigés par l’État : infrastructures adéquates, programmes pédagogiques validés, qualifications du corps enseignant, respect des normes administratives. Sans ce filtre, l’enseignement supérieur privé deviendrait une zone de non-droit.
La crédibilité du ministère de l’Enseignement supérieur se joue désormais sur le terrain. Si les établissements recalés ferment effectivement, si les sanctions sont appliquées sans distinction et si la liste noire est publiée sans censure, alors cette caravane marquera un tournant. À défaut, elle ne sera qu’un épisode de plus dans une longue série d’annonces sans lendemain.
Entre espoir et vigilance, l’opinion observe. Cette fois, plus que jamais, l’État est attendu au pied du mur.








GMT TV
[youtube-feed feed=2]