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Education nationale :  80% du budget consacrés aux dépenses en personnel au détriment de l’investissement

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Avec un score de 337 sur 625 à l’indice harmonisé d’apprentissage, le système éducatif gabonais affiche des résultats alarmants. Et ce, malgré un budget conséquent alloué au secteur. Une inefficience chronique pointée par la Banque mondiale, révélatrice d’un système à bout de souffle.

Le Gabon consacre chaque année près de 20 % de son budget à l’éducation, soit l’un des taux les plus élevés d’Afrique. Pourtant, les résultats obtenus par les élèves gabonais restent très en dessous des standards régionaux. Dans son rapport 2025, la Banque mondiale révèle que le pays affiche un indice harmonisé d’apprentissage de seulement 337/625, bien loin des objectifs fixés par les réformes successives.

« Ce score traduit une faible acquisition des compétences fondamentales en lecture, en mathématiques et en sciences, malgré des taux de scolarisation élevés », note le rapport. En d’autres termes, le système éduque beaucoup, mais forme peu.

Des écoles pleines, mais des apprentissages vides

Cette situation paradoxale découle de plusieurs failles structurelles. L’inefficience budgétaire en est la principale. Les dépenses de personnel absorbent plus de 80 % des ressources du secteur, au détriment des investissements dans les infrastructures, la formation continue des enseignants, ou les outils pédagogiques modernes.

Dans de nombreuses zones rurales ou périurbaines, les écoles manquent de manuels, les classes sont surchargées, et les enseignants, démotivés, sont mal encadrés. Le ministère de l’Éducation peine à superviser, à évaluer, à sanctionner ou à innover. Le pilotage du système est fragmenté, bureaucratique et lent.

« On envoie nos enfants à l’école, mais ils reviennent sans savoir lire couramment à 10 ans », déplore une mère de famille à Ntoum. Une plainte récurrente dans tout le pays.

Une réforme de fond, plus qu’un ravalement de façade

Face à ce tableau, la Banque mondiale recommande une réforme de fond du système éducatif : recentrer les ressources sur les apprentissages de base, former les enseignants aux nouvelles approches pédagogiques, évaluer systématiquement les acquis des élèves, et responsabiliser les chefs d’établissement.

Car un système éducatif inefficace, aussi financé soit-il, creuse les inégalités et hypothèque l’avenir de toute une génération. À l’heure où le Gabon ambitionne une économie diversifiée et compétitive, il est vital de renforcer le capital humain par une éducation de qualité.

L’éducation ne peut plus être une ligne budgétaire flatteuse dans les rapports internationaux. Elle doit redevenir un pilier stratégique, avec des résultats concrets, mesurables, et partagés par tous les enfants gabonais, quel que soit leur milieu d’origine.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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