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Du parc au port : le Gabon met la traçabilité du bois à l’épreuve de l’Europe

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Longtemps salué pour son faible taux de déforestation, le Gabon entre dans une nouvelle phase : celle de la transparence intégrale de sa filière bois. Avec l’appui de l’Union européenne et de la FAO, le pays déploie progressivement son Système national de traçabilité du bois (SNTBG), une réforme ambitieuse destinée à garantir la conformité avec le nouveau Règlement européen contre la déforestation (RDUE).

Depuis 2024, les autorités gabonaises ont engagé une modernisation de la gouvernance forestière, en phase avec les exigences internationales. L’Union européenne soutient ce processus à travers le programme “EU Forest Governance and Value Chains”, mis en œuvre conjointement avec la FAO, afin de renforcer la fiabilité du Système national de traçabilité du bois (SNTBG).

« Le Gabon a su maintenir un faible taux de déforestation et compte de nombreuses entreprises déjà certifiées. Notre objectif est désormais d’accompagner la généralisation de ces bonnes pratiques », expliquait Cécile Abadie, ambassadrice de l’UE au Gabon. Ce dispositif vise à assurer un suivi complet — du parc forestier jusqu’au port d’exportation — et à garantir la transparence des circuits commerciaux.

Le RDUE, un défi de conformité pour les opérateurs

Entré en vigueur en Europe, le Règlement sur la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) impose aux entreprises exportatrices une traçabilité stricte du bois, mais aussi d’autres produits comme l’hévéa, l’huile de palme ou le cacao. Pour anticiper cette transition, une étude conjointe UE–FAO–ministère des Eaux et Forêts a évalué le niveau de préparation des opérateurs locaux et les coûts de mise en conformité.

« Les résultats montrent une réelle volonté d’adaptation, mais aussi la nécessité d’un accompagnement ciblé pour les PME du secteur », précise la diplomate. Des mesures d’appui technique et financier sont prévues pour alléger les charges de certification et accélérer la mise en œuvre du SNTBG sur l’ensemble du territoire.

Entre contraintes et opportunités économiques

Si les nouvelles normes exigent un effort conséquent, elles pourraient aussi redéfinir la compétitivité du bois gabonais sur les marchés européens. En valorisant la conformité environnementale et la transparence de la chaîne d’approvisionnement, le pays espère renforcer son image d’exportateur responsable.

« Le défi est de transformer la contrainte en levier économique », résume Cécile Abadie. Dans ce partenariat technique, le Gabon se positionne comme un modèle africain de gestion durable des ressources, tandis que l’Union européenne consolide son rôle d’allié stratégique pour la traçabilité verte. Du parc au port, le bois gabonais devient ainsi le symbole d’une économie qui conjugue durabilité, crédibilité et souveraineté environnementale.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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