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Digitalisation des recettes municipales à Libreville : vers plus de transparence ?

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La Mairie de Libreville a lancé, ce mardi 29 juillet 2025, la digitalisation de ses recettes communales via une plateforme présentée comme « innovante ». Si l’initiative semble s’inscrire dans une logique de modernisation bienvenue, des questions demeurent sur les conditions de passation du marché attribué à GTI Gabon, l’entreprise chargée du développement du système.

C’est dans la salle de réunion de l’Hôtel de Ville que le Délégué spécial, Adrien Nguema Mba, a dévoilé les contours d’un projet ambitieux : faire entrer la commune de Libreville dans l’ère numérique en centralisant et traçant l’ensemble de ses recettes via une plateforme digitale. Objectif affiché : améliorer le recouvrement, sécuriser les paiements et renforcer la transparence budgétaire.

La présentation, assurée par Mohamed Ahmed Essgheir, directeur de la société GTI Gabon, a permis de lever le voile sur les aspects techniques de l’outil et les promesses d’une « administration municipale plus efficace ». Cependant, au-delà de l’élan technologique, plusieurs interrogations légitimes se posent sur la méthode.

Une initiative opaque au regard du Code des marchés publics ?

Dans un pays où la digitalisation est trop souvent associée à des surfacturations et à des prestataires imposés sans mise en concurrence, la procédure ayant conduit à la sélection de GTI Gabon mérite d’être éclaircie. Aucune communication n’a été faite sur un éventuel appel d’offres, encore moins sur les critères de sélection ou le montant de la prestation.

Dans un contexte où l’État lui-même a reconnu, lors du Conseil des ministres du 30 mai 2025, que 93,25 % des marchés publics étaient passés de gré à gré, la vigilance s’impose. Quelle a été la procédure suivie ? Qui a décidé ? Et sur quelle base ce prestataire a-t-il été choisi pour piloter une réforme aussi stratégique pour les finances publiques locales ?

Modernisation, oui. Mais pas sans gouvernance

Si l’intention est louable, la méthode suscite un malaise. La modernisation ne peut se faire sans un strict respect des règles de la commande publique, en particulier lorsqu’elle engage les finances d’une collectivité locale déjà fragilisée par les défis budgétaires.

Le Délégué spécial Adrien Nguema Mba doit des explications claires aux citoyens : les modalités de contractualisation, les garanties de performance, la réversibilité du système en cas de défaillance et l’indépendance réelle du prestataire. Sans cela, l’outil numérique vanté risque de devenir une coquille vide ou, pire, une source supplémentaire d’opacité.

La transparence ne commence pas avec la plateforme. Elle commence avec le choix du prestataire. Au nom de l’exemplarité publique, l’Hôtel de Ville de Libreville ne peut s’exonérer de ce débat.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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