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Derrière l’Assemblée nationale : les déguerpis dénoncent une opération brutale et illégale

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Jetés à la rue sans relogement ni indemnisation, les habitants du quartier rasé derrière l’Assemblée nationale dénoncent une violation flagrante de leurs droits. Dans une déclaration publique, ils exigent justice, transparence et un débat contradictoire avec les autorités concernées.

Le mercredi 4 juin 2025 à l’aube, les bulldozers ont réduit en poussière des décennies de vie pour des dizaines de familles installées dans le quartier jouxtant l’Assemblée nationale et l’ambassade de Chine. Fonctionnaires, anciens combattants, retraités, commerçants : tous ont vu leurs maisons détruites sans préavis, ni relogement, ni même une notification formelle. « Aucun respect des droits humains, aucun accompagnement social, aucune compassion », ont dénoncé les victimes dans une déclaration lue ce 9 juin à Libreville.

Ce que certains responsables qualifient d’« assainissement urbain » ressemble davantage à un passage en force. Car selon les déguerpis, les affirmations sur leur indemnisation sont tout simplement fausses. « Si ces indemnisations sont réelles, qu’ils sortent les listes ! Qu’on publie les noms, les montants, les procédures ! », tonne Grevice Ndong Ovono, porte-parole du collectif, rappelant que la plupart des sinistrés n’ont rien reçu d’autre que les décombres de leurs habitations.

Des preuves de reconnaissance étatique balayées par les pelleteuses

Loin d’être une occupation anarchique, ce quartier faisait l’objet d’une organisation administrative structurée. Chef de quartier nommé, bureaux de vote régulièrement installés, factures d’eau et d’électricité encaissées par les régies, taxes locales payées par les habitants, voire documents fonciers en bonne et due forme pour certains. Comment expliquer alors la brutalité d’une telle opération, sans relogement ni dialogue préalable ?

« Pourquoi raser même les habitations de citoyens détenteurs de titres fonciers légaux ? », s’interroge le collectif, qui dénonce une attaque contre la propriété privée et une négation des principes fondamentaux de l’État de droit. À travers leur déclaration, ces citoyens lancent un appel à la plus haute autorité du pays : le président de la République. Non pas pour quémander, mais pour demander la justice que leur garantit la Constitution.

Un appel au débat public et à la transparence des indemnisations

Les sinistrés réclament désormais l’ouverture d’un débat contradictoire et public, en direct, avec les autorités concernées : le ministre des Travaux publics, celui de l’Habitat, et la directrice générale de l’ANUTTC. « Qu’ils viennent avec leurs chiffres, nous viendrons avec nos cicatrices. Qu’ils apportent leurs déclarations, nous apporterons nos photos, nos documents, nos témoignages », martèle Grevice Ndong Ovono.

Outre ce débat, ils sollicitent la suspension immédiate de tout déguerpissement sans relogement préalable, la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, la publication des listes d’indemnisations, le relogement d’urgence des familles et l’indemnisation intégrale des pertes. « Nous ne sommes pas les ennemis du progrès. Nous voulons bâtir, pas mendier. Mais nous refusons d’être effacés comme des ombres », concluent-ils, dans une déclaration poignante aux allures d’acte de résistance citoyenne.

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