A La UneDerniers articlesECONOMIE

Dépenses publiques : des dépassements incontrôlés qui inquiètent la Cour des comptes

Ecouter l'article

L’exécution du budget 2024 révèle un dérapage inquiétant dans la gestion des dépenses publiques. Selon la Cour des comptes, plusieurs postes budgétaires ont été exécutés bien au-delà des montants votés par le Parlement. Les dépenses de personnel, par exemple, ont atteint 791,6 milliards FCFA contre une prévision initiale de 771,7 milliards, soit un dépassement de 20 milliards FCFA. Mais le plus spectaculaire concerne les primes et indemnités, exécutées à 360 % de leur dotation initiale, traduisant une explosion incontrôlée des avantages catégoriels.

Cette tendance ne se limite pas à la fonction publique. Dans le secteur de la défense et de la sécurité, les dépenses ont été exécutées à 242% des crédits autorisés, tandis que les institutions politiques et administratives ont dépassé leurs enveloppes de 178%. Même les baux administratifs ont connu une exécution à 185 %, preuve que la rigueur budgétaire est restée lettre morte. Ces dépassements répétés montrent que la hiérarchie des priorités n’a pas été respectée et que certaines administrations dépensent sans contrôle réel.

Pour la Cour, ces excès traduisent un non-respect flagrant de la loi organique relative aux lois de finances (LOLFEB). Le principe d’autorisation parlementaire, censé encadrer la dépense publique, a été contourné. Des engagements ont été pris sans l’accord de la représentation nationale, ce qui affaiblit la portée du contrôle démocratique sur les finances publiques. Ce phénomène s’explique en partie par le recours systématique à des crédits d’avance et des ajustements internes mal documentés.

Le rapport souligne aussi que ces dépassements profitent souvent à des programmes non prioritaires, alors que des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation ou la protection sociale affichent des taux d’exécution inférieurs à 60%. En 2024, certaines lignes sociales n’ont même pas été exécutées du tout, faute d’arbitrage clair. La Cour y voit une forme de déséquilibre budgétaire structurel où l’État dépense là où le contrôle est faible et néglige là où les besoins sont les plus pressants.

Dans ce contexte, la Cour appelle à une restauration de la discipline budgétaire et à une meilleure coordination entre les ministères dépensiers et le Parlement. Elle recommande la publication trimestrielle des rapports d’exécution et la réduction des marges d’ajustement discrétionnaires. Sans cela, les dépassements de crédits risquent de devenir la norme, minant la crédibilité du budget national et la confiance des bailleurs.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page