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Déguerpissements : Jean Rémy Yama exige le respect de la légalité et dénonce une opération «hors délai»

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Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 12 juin 2025 à Libreville, l’enseignant-chercheur et homme politique Jean Rémy Yama a vivement critiqué les opérations de déguerpissement menées à Plaine-Orety et Derrière l’Assemblée. Appelant à un strict respect du droit, il a dénoncé une violation du décret d’utilité publique en vigueur et une atteinte aux droits fondamentaux des citoyens.

Une opération qu’il qualifie d’« inédite et catastrophique ». Sous le regard attentif de la presse, Jean Rémy Yama, figure syndicale et politique bien connue, n’a pas mâché ses mots : « Ce qui est arrivé est catastrophique. On ne l’a jamais vu au Gabon. Et peut-être que c’est la première fois en Afrique centrale », a-t-il déclaré en évoquant les destructions d’habitations à Plaine-Orety et au quartier dit Derrière l’Assemblée.

Se livrant à une analyse rigoureuse, l’ancien candidat à la présidentielle a rappelé que toute expulsion, même initiée par l’État, doit respecter les textes en vigueur. Il a ainsi évoqué trois droits fondamentaux encadrés par la Constitution gabonaise : le droit à la propriété, le droit au logement et le droit à la dignité. « Ce n’est pas parce qu’un citoyen est en situation irrégulière que l’État peut tout se permettre. Il y a des procédures, même pour les occupants sans titre », a-t-il martelé.

Un décret d’utilité publique caduc ?

S’agissant de la légalité des opérations, Jean Rémy Yama s’appuie sur un point capital : le décret d’utilité publique daté du 14 février 2024. Selon lui, il s’agirait d’un décret d’urgence dont la durée légale ne peut excéder un mois. Or, les destructions ont été lancées plus d’un an après. « Pourquoi casse-t-on en juin 2025 pour un décret pris en février 2024 ? », s’est-il interrogé, avant d’ajouter : « S’il a perdu sa validité, alors les destructions sont illégales ».

Dans cette logique, il interpelle les autorités : « Que l’État nous fournisse le décret, son objet et la durée de validité. Car ne peut être cassé que ce qui est couvert par un décret en cours de validité ».

Une exigence de transparence et de justice

Jean Rémy Yama ne conteste pas le droit de l’État à aménager son territoire, mais il exige que cela se fasse dans le respect du droit et des personnes. « Ce n’est pas l’aide humanitaire qui répare une injustice légale. Ce sont les procédures équitables et la transparence », a-t-il insisté.

En filigrane de son propos, un avertissement : la restauration de l’autorité publique, leitmotiv du pouvoir actuel, ne saurait justifier des abus contraires aux principes républicains. Alors que les autorités promettent une prise en compte des droits des habitants, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer ce qui apparaît comme une dérive autoritaire. Pour Jean Rémy Yama, « casser sans titre, sans décret valide, sans procédure claire, c’est piétiner le droit et la dignité humaine ».

La question reste posée : qui détient le titre foncier de la zone concernée et au nom de quoi l’opération se poursuit-elle ? En l’absence de réponses claires, la légitimité de ces déguerpissements risque de s’éroder davantage.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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