Déguerpissements à Libreville : Bilie-By-Nze fustige «un pouvoir qui brise son propre peuple»

À la suite des destructions massives de maisons dans plusieurs quartiers de Libreville, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze sort de son silence et dénonce une opération brutale et inhumaine. Entre dénonciation des méthodes et mise en garde contre une dérive autoritaire, il appelle le gouvernement à suspendre les démolitions et à privilégier la justice sociale.
Au lendemain d’une visite dans les zones ravagées par les opérations de déguerpissement, Plaine-Orety, les abords de l’Assemblée nationale, les alentours des ambassades de Chine et de Russie, Alain-Claude Bilie-By-Nze, président du parti Ensemble pour le Gabon, a tenu une conférence de presse le mercredi 11 juin. L’ancien chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots : « Un pouvoir, aussi légitime soit-il, ne gagne rien à briser son propre peuple ».
Un gouvernement aveugle face à la détresse
Devant les ruines encore fumantes et les familles livrées à elles-mêmes, l’ancien Premier ministre évoque un « désarroi profond », une « opération de grande brutalité », menée sans discernement. À ses yeux, la vraie question ne se résume pas à l’application de la loi : « La loi sans la justice, c’est la barbarie », a-t-il lancé. Alors que plusieurs sinistrés assurent ne pas avoir été notifiés, Bilie-By-Nze alerte : « On peut bâtir sans détruire des vies. On peut assainir sans déshumaniser ».
Plus grave encore, l’ancien candidat à la présidentielle soupçonne un agenda foncier caché derrière les bulldozers. Selon lui, cette opération, au-delà des arguments d’urbanisme, s’apparente à une spéculation au profit de promoteurs. « Les terrains libérés vont être valorisés. Et assurément, proposés aux plus offrants », a-t-il alerté.
Une parole forte face à une opération opaque
Alors que le gouvernement peine à produire une liste claire des indemnisés, Bilie-By-Nze dénonce un manque de transparence et une gestion technocratique insensible aux réalités sociales : « Quand on paie, on sait qui on paie et pourquoi. Le Trésor public ne peut pas ignorer ces informations, sauf si on veut les cacher ». Il en appelle à la responsabilité du chef de l’État, soulignant que « rien d’une telle ampleur ne peut se faire sans que le président ne soit informé ». Et de conclure sans détour : « Si tel est le cas, il ne mérite pas d’être président ».
Alors que les élèves s’apprêtent à passer leurs examens, et que des dizaines de familles dorment encore à la belle étoile, l’ancien locataire du 2-Décembre lance un dernier appel : « Il est encore temps de reculer, de revoir la copie et de trouver la solution la mieux adaptée pour les populations déjà impactées ».
Dans un Gabon en transition, cette sortie médiatique marque peut-être le début d’un nouveau front politique autour des droits sociaux et du droit au logement. Un test de plus pour un pouvoir qui peine à conjuguer autorité et humanité.
GMT TV