Danièle Obono : « L’invention de la race et du racisme est liée à la modernité européenne »

Dans une intervention récente diffusée sur les réseaux sociaux, la députée de La France Insoumise (LFI) Danièle Obono a affirmé que « l’invention de la race, le développement du racisme, apparaissent avec la « modernité » européenne ». Cette déclaration, prononcée lors d’une conférence apparente, a rapidement suscité un vif débat en ligne, cristallisant les tensions autour des questions de colonialisme, de racisme structurel et d’héritage des Lumières.

Danièle Obono, connue pour son engagement antiraciste et décolonial, a développé son propos en soulignant que cette période historique, souvent idéalisée comme un âge de progrès, est en réalité « structurée par la violence raciale ». Selon la députée, le racisme s’est organisé économiquement, politiquement et idéologiquement pour perpétuer des inégalités issues de l’esclavage et de la colonisation. Elle cite Karl Marx pour appuyer son analyse. Laquelle semble ne pas plaire à une certaine France prisonnière des réflexes coloniaux.

Obono une voix qui porte et dérange !

« Sans esclavage, pas de coton. Sans coton, pas d’industrie moderne. L’esclavage a donné leur valeur aux colonies. Les colonies ont créé le commerce de l’univers. Le commerce de l’univers est la condition de la Grande industrie. », a expliqué Danièle Obono. Cette référence au penseur communiste vise à démontrer comment l’exploitation raciale a été le pivot du capitalisme naissant.

La vidéo, partagée le 20 août par le compte officiel de L’insoumission, montre Danièle Obono s’exprimant devant un public, microphone en main, avec un ton didactique. Elle y explique que la race est devenue un « système de domination » pour justifier les hiérarchies post-féodales, loin de l’universalisme prétendu des Lumières. Ce discours s’inscrit dans une lignée théorique influencée par des auteurs comme Frantz Fanon ou Anibal Quijano.

Rappelons que ces derniers voient dans la modernité européenne l’origine du « colonialisme du pouvoir » et de la racialisation des sociétés. Les réactions n’ont pas tardé. Sur X, le post a généré plus de 130 000 vues, 334 likes et des centaines de commentaires. Des soutiens, comme celui du député LFI Thomas Portes, saluent une analyse « lucide » sur les racines économiques du racisme. En revanche, de nombreuses critiques émanent de la droite et de l’extrême droite. Un internaute accuse Obono d’« ignorance historique », rappelant que le racisme existait bien avant, chez Ibn Khaldoun au XIVe siècle ou dans les empires africains.