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CSM: le cas Wilfried Adjondo, un couac qui ébranle la crédibilité de l’institution

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Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du 12 septembre dernier, présidé par le chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema, aurait pu être un rendez-vous de rigueur et de probité. Mais une accusation portée contre le magistrat Wilfried Adjondo, vice-président du Tribunal de première instance de Koula-Moutou, révèle au contraire de graves failles dans la préparation des travaux, a-t-on pu lire chez confrères de la presse judiciaire. Présenté comme un magistrat ayant « abandonné son poste sans justificatif », il aurait même été annoncé passible de conseil de discipline. Une affirmation que des documents officiels viennent battre en brèche.

Des preuves qui contredisent la version officielle. Selon des pièces obtenues et vérifiées par la presse judiciaire gabonaise auprès du Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG), Wilfried Adjondo n’a jamais déserté ses fonctions. Le 30 juin 2025, une note signée par le ministre de la Justice l’autorisait à séjourner à Libreville pour représenter le syndicat, avec possibilité de prolongation. Le 1er juillet, une correspondance adressée au Secrétariat permanent du CSM venait rappeler cette situation. Plus encore, le 21 juillet, un ordre de mission du ministre de l’Intérieur le déployait à Ntoum comme premier vice-président de la Commission départementale électorale du Komo-Mondah, jusqu’au 31 octobre 2025. Autant de preuves formelles que le magistrat était bel et bien en activité au service de l’État.

Le Secrétariat permanent du CSM pointé du doigt

Comment expliquer, dès lors, que ces éléments n’aient pas été intégrés dans les travaux préparatoires ? Tout indique un dysfonctionnement grave du Secrétariat permanent du CSM. Par négligence ou omission, il a laissé passer une présentation biaisée d’un magistrat irréprochable, fragilisant son honneur et jetant une ombre sur la fiabilité d’une institution censée garantir l’intégrité et l’impartialité de la justice.

Un signal inquiétant pour l’avenir de la justice. Le cas Adjondo n’est pas anodin. Il est symptomatique de dérives administratives qui minent la préparation des sessions du CSM. Une telle légèreté, dans un contexte où les Gabonais exigent transparence et efficacité, mine la confiance dans la justice et menace l’équilibre même de l’institution. « On ne peut pas fragiliser ses propres serviteurs par des manquements administratifs aussi préjudiciables », confiait un magistrat sous anonymat.

À l’heure où la transition appelle à une réforme profonde de la gouvernance, l’affaire Adjondo met en évidence une urgence : revoir en profondeur le fonctionnement du Secrétariat permanent du CSM pour éviter que l’arbitraire et la négligence n’ébranlent l’un des piliers de l’État de droit.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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