Convocation de Gabonreview à la DGR: la Gendarmerie bafoue la dépénalisation du délit de presse
Alors que le Gabon a gagné 4 places en se positionnant au 117ème rang mondial en 2021 dans le classement de l’Organisation internationale de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), cette performance pourrait être compromise dans le prochain classement. Et pour cause, deux mois seulement après avoir enregistré ces résultats encourageants, l’image du Gabon pourrait être ternie avec l’énième convocation d’un média à la Direction générale des recherches (DGR), ceci alors que le pays a dépénalisé les délits de presse.
Si pour l’heure, rien n’a filtré sur les raisons de la convocation manu militari du directeur de la publication du site Gabonreview François Ndjimbi, cette dernière ferait suite à l’article intitulé « Qui a «volé» les voitures de BLA ? Les flics pointés du doigt » qui revient sur des révélations faites par la confidentielle Africa Intelligence évoquant la culpabilité de certains agents de la Direction générale des services spéciaux (DGSS) et de la Direction générale de la recherche (DGR) dans cette affaire.
Une situation pour le moins incompréhensible qui ne manque pas de susciter des questionnements sur la propension des autorités policières et militaires à violer allègrement les lois de la République en matière de presse. En effet, l’ordonnance n° 00000012/PR/2018 du 23 février 2018 modifiant et complétant certaines dispositions de la n°19/2016 du 9 août 2016 portant Code de la communication en République gabonaise exclut en son article 199 « toute sanction privative de liberté en cas de manquement aux dispositions de la présente ordonnance et règlements en vigueur, notamment les infractions commises par voie de presse ». Ce qui implique qu’une plainte au pénal ne peut plus être intentée contre un journaliste qui a commis une infraction au Code de la communication.
Faut-il rappeler qu’en matière de délit de presse, ni les OPJ, ni le procureur de la République encore moins les magistrats relevant des juridictions pénales ne peuvent connaître d’un délit commis par voie de presse? Cette convocation sonne donc comme une énième entrave à la liberté de la presse orchestrée par une administration placée sous la direction du Commandant en chef de la Gendarmerie nationale, le Général de Brigade Yves Barassouaga.
Des agissements qui auront inexorablement un impact sur le prochain classement de Reporters sans frontières qui pourtant avait relevé des « signaux encourageants » envoyés en 2020 mais qui pourrait être compromis avec les actes posés par les forces de sécurité et de défense. Une très mauvaise presse à l’heure où le Gabon est engagé dans un processus d’adhésion au Commonwealth, organisation qui met au centre de son action le respect des libertés fondamentales.