Châtiments corporels : l’OMS interpelle le Gabon à l’orée de la rentrée scolaire

Dans un rapport accablant publié récemment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie les châtiments corporels infligés aux enfants de véritable « problème de santé publique ». Alors que le Gabon s’apprête à vivre une nouvelle rentrée scolaire, ce constat mondial met en lumière une pratique encore répandue dans les familles et dans les écoles, et dont les conséquences sur la santé physique et psychologique des enfants sont dramatiques.
Une pratique banalisée mais destructrice. Selon l’OMS, 1,2 milliard d’enfants dans le monde subissent chaque année des violences physiques sous couvert de « correction ». Dans 58 pays étudiés, 17 % des enfants victimes ont reçu des coups violents, parfois dirigés vers la tête ou le visage. Les chiffres sont alarmants : près des deux tiers des élèves battus en Serbie ou en Sierra Leone, plus des trois quarts au Togo, et environ 70 % des élèves africains soumis à des châtiments corporels à l’école.
Au Gabon, où la rentrée scolaire est prévue dans quelques jours, ces pratiques demeurent encore tolérées dans certains établissements ou au sein des familles, malgré leur interdiction dans le cadre scolaire. Une situation qui interroge sur la capacité du système éducatif et des parents à instaurer une discipline non-violente.
Des séquelles physiques et psychologiques durables
Le rapport met en évidence des conséquences graves et souvent invisibles. Sur le plan physique, les enfants victimes présentent des blessures, des altérations cérébrales et une surproduction d’hormones du stress qui affecte leur développement. Sur le plan psychologique, les séquelles se traduisent par anxiété, dépression, perte d’estime de soi et troubles émotionnels.
Une étude menée dans une cinquantaine de pays indique que les enfants exposés à ces pratiques ont 25 % de chances en moins d’être sur la bonne voie dans leur croissance. À l’âge adulte, ces traumatismes favorisent addictions, troubles mentaux et comportements suicidaires.
Un appel à la réforme culturelle et éducative
« Les preuves scientifiques sont désormais accablantes : les châtiments corporels exposent les enfants à de multiples risques pour leur santé », alerte Etienne Krug, expert de l’OMS. « Ils n’apportent aucun bénéfice au comportement, au développement ou au bien-être de l’enfant, pas plus qu’ils n’apportent de bénéfice aux parents ou aux sociétés. »
L’OMS invite les États à renforcer les campagnes de sensibilisation et l’accompagnement direct des parents et enseignants, afin de promouvoir une éducation bienveillante. L’organisation souligne également que les enfants en situation de handicap, issus de familles pauvres ou confrontés au racisme et aux discriminations sont les plus vulnérables.
Une interpellation directe pour le Gabon
Alors que les élèves gabonais s’apprêtent à retrouver les bancs de l’école, ce rapport devrait servir d’avertissement. Au-delà des lois, c’est une réforme culturelle et sociétale qui s’impose pour rompre avec cette violence banalisée et construire une école réellement protectrice et émancipatrice. Le défi est désormais posé : transformer la discipline en pédagogie, et l’autorité en accompagnement.
GMT TV