CEMAC : les avoirs extérieurs nets du Gabon en chute de près de 50% en 2024

Le rapport annuel 2024 de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) met en évidence une évolution contrastée des avoirs extérieurs nets au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Globalement, la sous-région enregistre une progression de 11,7 %, atteignant 3 341,9 milliards de FCFA en fin d’année, traduisant une amélioration du solde extérieur portée par des flux de capitaux et une meilleure gestion des réserves. Mais derrière cette tendance positive, le Gabon apparaît comme l’un des maillons faibles, avec une chute de 49,7 % de ses avoirs extérieurs nets, passés de 213,4 milliards en 2023 à 107,2 milliards en 2024. Une contre-performance qui reflète une dégradation de sa balance des paiements et une fragilité persistante de ses fondamentaux économiques.
Cette situation contraste avec les résultats de plusieurs pays voisins à l’instar du Tchad, qui a connu une progression spectaculaire de +424 %, portée par une hausse de ses recettes extérieures et une amélioration significative de sa position financière. Le Congo a presque doublé ses avoirs, et la République centrafricaine affiche également une progression notable de 52 %. À l’opposé, seule la Guinée équatoriale partage la tendance négative du Gabon, avec une baisse de 32 %. Le Cameroun, premier contributeur de la zone, enregistre un léger repli mais conserve des réserves largement supérieures à celles de Libreville (2 791 milliards). Ces disparités montrent que si la CEMAC dans son ensemble progresse, le Gabon reste en difficulté, incapable de tirer profit des dynamiques régionales.
Le Gabon à la traîne dans une zone en consolidation
La BEAC, pour sa part, renforce sa solidité avec une hausse de 14,1 % de ses avoirs extérieurs nets, atteignant 3 693,5 milliards en 2024. Cette performance résulte d’une progression des avoirs en devises (+17,6 %), qui a compensé la baisse des droits de tirage spéciaux (-19,9 %). La Banque centrale a également vu ses avoirs en or croître de 34,2 %, consolidant ainsi la résilience financière de la zone. Dans ce contexte, le recul du Gabon traduit une difficulté à maintenir ses équilibres extérieurs, d’autant plus que son économie reste fortement dépendante des exportations pétrolières, vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux. Contrairement à ses voisins, le pays peine à diversifier son économie et à capter des flux financiers capables de renforcer ses réserves.
Au final, la baisse de près de 50 % des avoirs extérieurs nets du Gabon constitue un signal d’alarme. Tandis que certains pays de la CEMAC consolident leur stabilité financière, Libreville se retrouve isolé, exposé à des tensions accrues sur sa balance des paiements. Cette fragilité pourrait peser sur sa capacité à financer ses engagements extérieurs. Pour éviter une aggravation de ses déséquilibres, le Gabon doit engager rapidement des réformes structurelles, diversifier ses sources de revenus et améliorer la gestion de ses ressources. Faute de quoi, il risque non seulement de compromettre son propre équilibre, mais aussi de fragiliser l’ensemble de la sous-région.
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