CEMAC : la BEAC alerte sur une hausse des créances en souffrance à 17,4%

La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) tire la sonnette d’alarme sur la dégradation de la qualité du portefeuille de crédits dans la région. Dans son rapport sur la politique monétaire publié en juin 2025, l’institution note une hausse du taux de créances en souffrance à 17,4 % des crédits bruts au 31 mars 2025, contre 16,6 % un an plus tôt. Cette évolution, bien que modérée en apparence, confirme une tendance préoccupante pour la stabilité du système bancaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Les chiffres montrent pourtant une situation de trésorerie globalement solide. Les banques disposent d’un excédent net de 9 097,6 milliards de FCFA, soit 35 % du total de leur bilan, en progression de 699 milliards sur un an. Les emplois de trésorerie atteignent 12 061 milliards de FCFA, en hausse de 16,4 %, portés par les titres de placement et les dépôts à vue. Mais derrière cette apparente robustesse se cache une fragilité structurelle. La progression continue des créances non performantes (impayées, douteuses ou immobilisées) qui fragilise la rentabilité des banques et limite leur capacité à financer durablement l’économie.
Une vulnérabilité structurelle du système bancaire sous-régional
Selon le site Ecofin, citant les données de la BEAC, le volume total des créances en souffrance dans la CEMAC a été multiplié par quatre en dix ans, passant de 495 milliards FCFA en 2012 à 1 917,9 milliards FCFA en 2022. La BEAC pointe des failles de gouvernance interne et d’évaluation du risque dans certains établissements, ainsi qu’un environnement économique incertain, marqué par des retards de paiement des États. Ces retards affectent directement la solvabilité des entreprises clientes des banques, notamment celles engagées dans les marchés publics.
Face à cette situation, la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) a appelé, lors d’une réunion tenue à Bangui le 23 juin, à renforcer les mécanismes de surveillance et de recouvrement. Car au-delà de leur impact sur les bilans bancaires, ces créances menacent la transmission monétaire et le financement de l’économie réelle. Si la liquidité demeure abondante, la prudence accrue des établissements face au risque de défaut pourrait freiner l’octroi de nouveaux crédits et peser sur la croissance déjà ralentie de la sous-région, attendue à 2,6 % en 2025 selon la BEAC.
GMT TV