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CEMAC : des pays riches, mais des peuples toujours pauvres

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Dans son rapport intitulé Baromètre économique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) – édition décembre 2025 –, la Banque mondiale met en lumière une réalité saisissante : malgré des pays riches en ressources, les populations de cette sous région demeurent dans une précarité alarmante. Un contraste saisissant qui interpelle les autorités politiques des pays de la CEMAC qui, des décennies après les indépendances, peinent à assurer un partage équitable des richesses. 

Le rapport, dévoilé le 17 décembre dernier, pointe d’abord du doigt la disparité entre les chiffres impressionnants du produit intérieur brut (PIB) et les conditions de vie des citoyens. Bien que la richesse totale de la CEMAC ait grimpé de 75 % entre 1995 et 2020, alimentée par des investissements dans les infrastructures et le capital humain, la richesse par habitant a, quant à elle, chuté de 20 %. Cette diminution est principalement attribuée à une croissance démographique galopante, qui dépasse de loin l’accumulation d’actifs.

Les données révèlent que le capital produit, bien que représentant la plus petite part du tout, a enregistré la croissance la plus rapide. En revanche, la part du capital naturel renouvelable a chuté de 49 % à seulement 32 % de la richesse totale. Cette régression, qui souligne la dégradation écologique croissante, illustre également des lacunes majeures dans la gestion des ressources naturelles.

Une répartition inégale des richesses au sein de la CEMAC

Il est essentiel de noter que la croissance de la richesse au sein de la CEMAC ne s’est pas répartie de manière équitable. Les gains ont été particulièrement marqués dans des pays tels que le Congo, le Tchad et le Cameroun, où les investissements durant les périodes de boom pétrolier ont été déterminants. Cependant, en comparaison avec d’autres groupes de revenus, comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et l’Association des pays d’Afrique australe (ASS), la CEMAC a affiché une croissance de richesse globalement plus modeste.

Les indicateurs de durabilité offrent un panorama nuancé. Bien que des avancées aient été réalisées, elles restent mitigées. Le revenu national net ajusté montre que certains pays, comme le Cameroun et le Gabon, ont su maintenir une progression des revenus grâce à des investissements productifs, malgré une déforestation alarmante. En revanche, d’autres nations, telles que la Guinée équatoriale, ont connu une croissance économique au détriment de leur environnement, exacerbant ainsi les défis de l’épuisement des ressources.

En conclusion, bien que la CEMAC présente des chiffres encourageants en matière de richesse, la réalité pour ses peuples demeure préoccupante. Face à l’inégalité croissante et à la dégradation écologique, il est impératif que les gouvernements mettent en place des politiques durables pour garantir un avenir prospère à leurs citoyens.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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