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CAN 2025 : après l’élimination précoce, Thierry Mouyouma doit-il tirer les conséquences de ses limites ?

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L’élimination du Gabon dès la première semaine de la Coupe d’Afrique des nations, scellée par deux défaites dont une humiliation face au Mozambique, a agi comme un révélateur brutal. Au-delà du simple échec sportif, c’est désormais la légitimité même du sélectionneur Thierry Mouyouma qui est frontalement interrogée. La question n’est plus seulement celle d’un mauvais tournoi, mais celle d’un mandat qui, depuis son origine, semble marqué par l’improvisation, l’absence de vision et une accumulation d’erreurs assumées.

Un choix initial lourd de zones d’ombre. Le recrutement de Thierry Mouyouma en 2023, après le départ de Patrice Neveu, n’a jamais fait consensus. Longtemps sans activité sportive structurée, éloigné des bancs de touche et davantage présent sur les réseaux sociaux que dans les cercles techniques, le technicien gabonais est arrivé à la tête des Panthères du Gabon sans vécu récent de haut niveau, ni références solides susceptibles de rassurer. Pire, durant cette période d’inactivité, il s’est illustré par des prises de position virulentes visant certains joueurs qu’il dirige aujourd’hui, brouillant dès le départ la relation de confiance indispensable à un projet de sélection.

Deux ans d’errance tactique

Sur le terrain, le constat est implacable. En près de deux ans, Thierry Mouyouma n’est jamais parvenu à installer une équipe-type ni une identité de jeu lisible. Les compositions ont varié au gré des matchs, les schémas ont changé sans logique apparente et les expérimentations se sont multipliées sans jamais produire de résultats probants. Aucun succès face à une nation majeure du football africain, aucune progression visible dans le fond de jeu, seulement une succession de paris perdus.

Les choix de joueurs ont cristallisé le malaise. Convocations jugées incompréhensibles, profils sans expérience du haut niveau, intégration de joueurs évoluant dans des divisions très modestes à l’étranger, sans justification sportive claire. Autant de décisions qui ont fragilisé un groupe déjà en quête de repères et nourri un sentiment d’amateurisme au sommet de la sélection.

Une communication qui aggrave le malaise

À ces insuffisances techniques s’est ajoutée une posture médiatique contre-productive. En conférence de presse, l’arrogance affichée, le refus de la remise en question et la banalisation des contre-performances ont fini par agacer. Là où l’humilité et la lucidité étaient attendues, le sélectionneur a opposé une assurance déconnectée des réalités du terrain. Or, dans le football international, la communication est aussi un outil de management ; mal maîtrisée, elle devient un facteur de fracture.

L’échec de trop face au Mozambique

La défaite face au Mozambique restera comme le symbole de ce naufrage. Battu par une sélection moins bien classée, le Gabon a offert à son adversaire sa toute première victoire en phase finale de CAN. Une page peu glorieuse de l’histoire des Panthères, qui résume à elle seule l’absence d’âme, de cohésion et de projet de jeu sous l’ère Mouyouma.

La question de la responsabilité

Dès lors, une interrogation s’impose : après deux défaites et une élimination dès la première semaine, Thierry Mouyouma ne doit-il pas tirer les conséquences de son incompétence manifeste à ce niveau ? Dans les grandes nations de football, un tel échec appelle une décision forte, soit par un acte de responsabilité personnelle, soit par une réaction rapide de la tutelle.

L’histoire retiendra peut-être que Thierry Mouyouma aura dirigé une sélection sans identité, sans certitudes et sans résultats. Reste à savoir s’il aura le courage politique et moral de reconnaître ses limites, ou si la Fédération devra, une fois encore, réparer un casting raté au prix d’un nouveau cycle de reconstruction.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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