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Burkina Faso : l’AES récupère la fréquence de RFI et muscle sa souveraineté informationnelle

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Au Burkina Faso, la fréquence 94.0 FM autrefois occupée par Radio France Internationale a été officiellement réattribuée à « Daandè Liptako », la nouvelle radio de l’Alliance des États du Sahel. Une décision hautement symbolique qui s’inscrit dans la stratégie de reconquête de l’espace informationnel menée par les régimes sahéliens.

C’est une page qui se tourne dans le paysage médiatique burkinabè. Suspendue depuis décembre 2022, Radio France Internationale voit désormais sa fréquence historique de Ouagadougou, le 94.0 FM, définitivement réattribuée. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso et le ministère des Affaires étrangères ont officialisé, le 17 décembre 2025, son transfert à « Daandè Liptako », la radio officielle de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Cette décision confirme que la radio publique française ne devrait pas retrouver l’antenne burkinabè à court terme. Pour rappel, les autorités reprochaient à RFI d’avoir relayé un message attribué à un chef terroriste, accusation ayant justifié sa suspension « jusqu’à nouvel ordre ».

« Daandè Liptako », porte-voix des régimes sahéliens

Pensée comme un outil stratégique, Daandè Liptako, également appelée La Voix du Liptako, devient le média officiel des autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Pour les dirigeants de l’AES, il s’agit de contrer ce qu’ils qualifient de narratifs occidentaux « hostiles » et de bâtir une information jugée plus conforme aux réalités locales. Le chef de la diplomatie burkinabè parle d’un « pas décisif » vers une véritable souveraineté informationnelle, tandis que le CSC évoque un média destiné à « porter les espoirs des peuples du Sahel ».

Autorisé à émettre pour une durée de trois ans renouvelables, Daandè Liptako verra ses programmes conçus à Ouagadougou, avant d’être relayés simultanément à Bamako et Niamey, en plusieurs langues nationales. Le lancement officiel est attendu lors du sommet des chefs d’État de l’AES prévu les 22 et 23 décembre à Bamako. À terme, une web TV commune pourrait compléter ce dispositif, signe que la bataille de l’information est désormais pleinement assumée comme un enjeu politique majeur dans le Sahel.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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