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BIODEV 2030 : vers une prise en compte accrue de la biodiversité dans les secteurs minier et agricole

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Face à l’érosion accélérée de la biodiversité à l’échelle mondiale, les États parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB), dont le Gabon, ont adopté en décembre 2022 le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Ce cadre ambitieux vise à inverser la perte de biodiversité d’ici à 2030 et à restaurer les écosystèmes à l’horizon 2050. Au niveau national, sa mise en œuvre passe par l’intégration effective de la biodiversité dans les politiques publiques sectorielles. C’est dans cette logique que s’inscrit le projet BIODEV 2030, financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par le WWF-Gabon. Ce 15 décembre, une nouvelle étape a été franchie avec l’ouverture à Libreville d’un atelier de dialogue national consacré à l’intégration des instruments de politiques publiques favorables à la biodiversité dans les secteurs minier et agricole, identifiés comme des moteurs majeurs de dégradation des écosystèmes.

Présidé par le Conseiller technique du ministre de l’Environnement, cet atelier de deux jours réunit administrations publiques, partenaires techniques et financiers, acteurs du secteur privé, organisations de la société civile et experts. L’objectif central est de contribuer à la consolidation de la Stratégie et du Plan d’action national pour la biodiversité (SPANB), actuellement en cours d’élaboration, en proposant des instruments de politiques publiques capables d’orienter les pratiques productives vers davantage de durabilité. Pour Nathalie Niaré, Coordinatrice nationale du WWF-Gabon, le projet BIODEV 2030 constitue une réponse concrète à un engagement international fort. « Le projet BIODEV2030 qui nous réunit aujourd’hui est la concrétisation de l’engagement pris par l’AFD pour aider les pays à développer leurs stratégies nationales de biodiversité, en cohérence avec le cadre mondial de Kunming-Montréal », a-t-elle rappelé, soulignant l’importance de l’appropriation sectorielle des objectifs de conservation.

Des instruments publics au cœur de la transition écologique

Dans sa phase initiale, le projet BIODEV 2030 a permis, à travers des analyses scientifiques et des dialogues multi-acteurs, d’identifier l’agriculture et les mines comme des secteurs à fort impact sur la biodiversité lorsqu’ils ne s’inscrivent pas dans une logique de durabilité. La phase actuelle vise désormais à agir sur les leviers réglementaires, économiques et institutionnels qui encadrent ces secteurs. L’atelier de dialogue national s’inscrit ainsi dans le premier résultat attendu du projet à savoir, proposer ou renforcer les instruments de politiques publiques sectorielles favorables à la biodiversité. Cette démarche fait écho à la cible 14 du cadre mondial, qui appelle à « veiller à la pleine prise en compte de la biodiversité et de ses multiples valeurs dans l’élaboration des politiques, des réglementations et des processus de planification ».


Pour le représentant du ministre de l’Environnement, Aimé Serge Mibambani Ndimba, l’enjeu est à la fois écologique et stratégique. « Malgré les efforts consentis, la biodiversité se détériore partout dans le monde à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité », a-t-il souligné, rappelant que près de 25 % des espèces évaluées sont aujourd’hui menacées d’extinction. Dans ce contexte, le Gabon entend concilier conservation des écosystèmes et développement économique, en alignant progressivement les activités publiques et privées sur les objectifs du cadre mondial de Kunming-Montréal. Les travaux engagés visent également à tirer les enseignements des dialogues territoriaux menés à Makokou, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, autour des enjeux liés à l’orpaillage et aux activités minières. Ces concertations ont permis d’identifier des pistes d’actions concrètes, notamment en matière de renforcement des cadres réglementaires, de contrôle des activités extractives et d’implication des communautés locales.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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