Bilie-By-Nze : « les mesures annoncées en Conseil des ministres sont des réformettes »

Invité de l’émission Édition spéciale diffusée le 23 juin 2025 sur Télé Africa, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et président du mouvement Ensemble pour le Gabon, a vivement réagi aux mesures prises lors du Conseil des ministres du 20 juin. Cette sortie médiatique intervient alors que le gouvernement a annoncé une série de décisions destinées à rationaliser les dépenses publiques : réduction du train de vie de l’État, fin de la gratuité du transport urbain, encadrement des billets d’avion pour les missions des fonctionnaires, et exonérations fiscales ciblées. Selon Bilie-By-Nze, ces annonces manquent de profondeur et ne s’attaquent pas aux causes réelles du déséquilibre budgétaire.
Dès le début de son intervention, le responsable politique a exprimé son scepticisme. « L’arrivée d’Emile Doumba au ministère de l’Économie, ces mêmes mesures avaient été annoncées. Les mêmes mesures. Le sujet, c’est que s’est-il passé ? Pourquoi ça n’a pas eu les effets attendus ? », a-t-il lancé, pointant le caractère répétitif et inefficace de ce type de décisions. Pour lui, la suppression temporaire de certaines taxes n’est qu’un soulagement de courte durée pour les ménages. « Ce sont des réformettes qui n’auront pas d’importance dans la gestion de l’État », a-t-il affirmé, avant de souligner qu’« après six mois, ce sont des entrées fiscales qui vont manquer à l’État ».
Une critique frontale de la gestion des dépenses de la présidence
Le président d’Ensemble pour le Gabon a par ailleurs mis en lumière les incohérences dans la volonté de réduire les dépenses publiques. Il a notamment critiqué la réforme des billets d’avion pour les missions administratives : « Les billets d’avion que l’on prend désormais directement auprès des compagnies aériennes vont fragiliser les agences de voyage qui créent de l’emploi. » Selon lui, cette mesure pose également des problèmes pratiques et de trésorerie. À ses yeux, ces changements relèvent d’une logique purement comptable, sans vision stratégique.
Alain-Claude Bilie-By-Nze appelle plutôt à s’interroger sur les véritables poches de gaspillage, notamment les dépenses de voyage de la présidence, rarement abordées dans le débat public. « Dans les charges de l’État, les missions des fonctionnaires, ce n’est pas la chose la plus importante. Il faut rationaliser, certes, mais cela doit commencer par le sommet. » Il insiste sur l’exigence de justice dans l’effort collectif : « Lorsque l’on demande à un fonctionnaire de faire un effort, ces efforts doivent commencer par le sommet. Si c’est encore le petit fonctionnaire qui doit payer pendant que d’autres sont épargnés, cela ne m’intéresse pas. »
Pour l’ancien candidat à la présidentielle, seule une réforme profonde et transparente des finances publiques pourrait restaurer la confiance. « Nous avons besoin d’une véritable réforme des finances publiques. Nous avons besoin de transparence dans la gestion de ces finances. Il est essentiel que chacun connaisse, de manière transparente, les revenus des autres. » Ce message ferme résonne comme un appel à dépasser les effets d’annonce pour engager un processus de transformation structurelle de l’État gabonais.
GMT TV