Bilie-By-Nzé : «Le 27 septembre prouve que rien n’a changé, c’est même pire»

Alors que la polémique enfle sur la régularité des élections législatives et locales du 27 septembre, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, président du parti Ensemble pour le Gabon (EPG), accuse frontalement le pouvoir d’avoir trahi l’esprit du 30 août 2023. Pour lui, le scrutin “tronqué” marque le retour des vieilles pratiques que le coup d’État prétendait bannir.
« La 30 août n’a pas été qu’un coup d’État, il a aussi été l’engagement à ne plus jamais avoir d’élections aux résultats tronqués. Le 27 septembre est la preuve que rien n’a changé, c’est même pire ». C’est par ce message cinglant publié sur X (ex-Twitter) qu’Alain-Claude Bilie-By-Nzé a ravivé, ce samedi, le débat sur la sincérité du double scrutin. L’ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle d’avril 2025 dénonce un « retour brutal à la fraude systémique » et une « trahison du serment du 30 août ».
Une contestation qui gagne du terrain
Le cri d’alarme du président d’EPG s’inscrit dans une vague de protestations sans précédent depuis la proclamation des premiers résultats. Du Parti démocratique gabonais (PDG) à l’Alliance patriotique de Raymond Ndong Sima, en passant par le Front démocratique socialiste (FDS) d’Anges Kevin Nzigou, les griefs convergent : urnes bourrées, procurations falsifiées, procès-verbaux manquants et transhumance électorale à grande échelle.
Pour Raymond Ndong Sima, « continuer ce processus électoral, c’est donner une prime à la fraude ». Le PDG, pour sa part, évoque des « irrégularités sans précédent » et a saisi la Cour constitutionnelle pour plusieurs recours. Même des candidats de la majorité, comme Melodie Sambat à Makokou ou Georges Chris Tigalekou dans la Lékabi Lewolo, département dont est originaire le président de la République lui-même, dénoncent des « résultats tronqués ».
Un pouvoir exécutif sous pression
Cette accumulation de contestations met à nu les fragilités d’un processus censé sceller la sortie de transition.
Pour Alain Claude Bilie-By-Nzé, le constat est implacable. « Le 30 août devait marquer une rupture. Aujourd’hui, nous replongeons dans les pratiques que ce jour-là, les Gabonais avaient unanimement rejetées », a-t-il martelé.
L’ancien Premier ministre met en garde contre une crise politique majeure si aucune décision courageuse n’est prise. « La profondeur du malaise électoral est telle qu’elle menace la confiance dans la Vᵉ République. Il est encore temps de corriger, avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il précisé.
Vers une recomposition politique ?
Alors que la reprise partielle du scrutin est prévue le 18 octobre dans quatre circonscriptions, les appels à une refonte totale du processus électoral se multiplient. Entre désillusion et colère, la promesse du 30 août – celle d’un Gabon réconcilié avec la vérité des urnes – semble aujourd’hui compromise. Et l’avertissement de Alain Claude Bilie-By-Nzé résonne comme une alerte politique. « La légitimité ne se décrète pas, elle se mérite », a-t-il conclu.
GMT TV