Bilie-By-Nze : « après les députés de la transition, place aux députés de la procuration »

Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 30 septembre, Alain-Claude Bilie-By-Nze est revenu sur le déroulement des élections législatives et locales du 27 septembre. L’ancien Premier ministre a exprimé de vives critiques à l’égard de l’organisation du scrutin, qu’il estime entaché d’irrégularités. Pour lui, les conditions n’étaient pas réunies pour garantir la crédibilité du processus électoral.
« Lorsque je suis allé voir le chef de l’État, je lui ai dit devant ses collaborateurs qu’il faut reporter le scrutin et j’ai argumenté. Je lui ai dit qu’il n’y a aucune urgence sur la date, ce qui compte c’est que nous ayons une bonne élection, un parlement qui soit crédible et représentatif », a-t-il expliqué. Face au refus du président de reporter les élections, et aux conséquences qui en ont découlé, Bilie-By-Nze n’a pas mâché ses mots. Selon lui, le parlement issu de ce scrutin souffre d’un double déficit de légitimité. « Déjà ce parlement a été rabaissé du fait de l’adoption de la nouvelle Constitution. Si en plus il devient un parlement illégitime parce qu’il y a eu des députés de la Transition, maintenant nous avons des députés de la procuration », a-t-il lancé, ironisant sur la place grandissante du vote par procuration dans les résultats proclamés.
Un mécanisme électoral contesté
L’ancien chef du gouvernement a pointé du doigt ce dispositif qu’il juge dévoyé. « Tous ont été élus avec des procurations. Vous avez des circonscriptions avec 800 électeurs, dont un candidat qui a 500 procurations. Est-ce faisable ? » s’est-il interrogé, avant de réclamer la suppression pure et simple de ce mode de vote. Pour le président d’Ensemble pour le Gabon, « celui qui n’est pas disponible pour aller voter ne vote pas », rappelant que l’essentiel reste le suffrage effectivement exprimé, et non les taux de participation.
Poursuivant son réquisitoire, l’ancien ministre a estimé que le pays court un grave danger démocratique si de telles pratiques perdurent. « Si le coup d’État a été fait pour mettre fin à des élections tronquées et qu’on se met nous-mêmes à tronquer des élections, c’est qu’il y a un problème », a-t-il averti. En dénonçant ces dérives, Bilie-By-Nze entend alerter sur le risque d’une perte durable de confiance entre les citoyens et les institutions, au moment où le Gabon traverse une phase cruciale de sa démocratie en construction.
GMT TV