Derniers articlesPOLITIQUE

Berthe Bokoko : «Il faut former les femmes partout, pas seulement à Libreville»

Ecouter l'article

Invitée de l’émission Le Canapé Rouge de GMTtv le 31 juillet 2025, la sénatrice de la Transition Berthe Boubou Bokoko a salué les avancées en matière de représentativité féminine au sein de l’actuel gouvernement. Toutefois, elle a insisté sur l’urgence de renforcer la formation des femmes à l’échelle nationale pour consolider leur participation à la vie publique.

Face à un exécutif marqué par la présence de dix femmes sur les trente membres du gouvernement, la sénatrice de la Transition Berthe Boubou Bokoko reconnaît un net progrès par rapport aux pratiques antérieures. « C’est plus ouvert que lors du premier gouvernement. Ça commence », a-t-elle souligné lors de son entretien avec Morel Mondjo Mouega, rédacteur en chef de Gabon Media Time. Elle a cependant précisé que ces avancées demeurent insuffisantes pour atteindre une réelle parité.

Revenant sur les engagements internationaux du Gabon, notamment les 30 % de représentativité fixés à la Conférence de Beijing de 1995, l’ancienne constituante a rappelé que « lors de la Constituante, nous avons réclamé 40 %. Bon, ça ne nous a pas été accordé. On va d’abord travailler avec les 30 %, mais il faut que ça soit dans toutes les sphères de décision. »

Une formation des femmes au cœur du combat pour la parité

Pour Berthe Boubou Bokoko, le véritable enjeu réside désormais dans la formation des femmes, afin qu’elles puissent pleinement exercer leurs droits civiques et politiques. « Il va falloir que ces formations ne s’arrêtent pas seulement à Libreville, au niveau de l’Estuaire. Il faut qu’on aille dans les provinces », a-t-elle insisté, pointant la centralisation excessive des opportunités.

Prenant l’exemple du Sénégal, où la parité est inscrite dans la loi, elle a salué l’existence de recours juridiques en cas de non-respect de cette obligation : « Elles ont même des avocats. Lorsque cette parité n’est pas respectée, elles ont le droit de porter plainte. » Pour la sénatrice, il ne s’agit pas d’un caprice ou d’un désir de domination : « Les femmes font partie intégrante de cette société. Nous devons participer à la construction de notre pays. »

Le retour du ministère de la Femme salué mais insuffisant

Interrogée sur le retour du ministère de la Femme dans l’architecture gouvernementale, la sénatrice s’est dite satisfaite de cette décision prise par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, mais a aussitôt nuancé : « Ce n’est pas encore suffisant. Il va falloir que Mme la ministre puisse axer vraiment sa politique sur la formation, l’éducation. »

Selon elle, la place des femmes dans la décentralisation doit aussi être anticipée. « Il faut qu’il y ait des femmes en mesure de comprendre un budget, de le défendre, de participer à la conception des projets », a-t-elle déclaré. À défaut, « on dira comme d’habitude : elles ne comprennent rien. Bon, on les zappe, comme disent les enfants. »

Par cette intervention lucide et engagée, Berthe Boubou Bokoko rappelle que l’égalité femmes-hommes ne se décrète pas uniquement par décret : elle se construit par l’éducation, l’accompagnement, et surtout la volonté politique de transformer les mentalités et les structures en profondeur.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page