A La UneDerniers articlesSOCIETE

Assises de l’UPF à Libreville : quand une exigence financière illégale fait dérailler un rendez-vous international

Ecouter l'article

L’annulation des 51ᵉ Assises internationales de l’Union de la Presse Francophone (UPF), prévues à Libreville, révèle un bras de fer inédit entre un État souverain et une organisation internationale accusée d’avoir exigé un transfert financier contraire au droit gabonais. Documents à l’appui, la section gabonaise de l’UPF dénonce une manipulation des faits et une mise en cause injustifiée du Gabon.

Pendant plusieurs mois, le Gabon s’était préparé à accueillir l’un des plus importants rendez-vous de la presse francophone. Budget public mobilisé, logistique d’État engagée, visas facilités, communication institutionnelle enclenchée : tout était en place pour les 51ᵉ Assises de l’UPF. Pourtant, à quelques semaines de l’événement, le Bureau international de l’organisation a décidé d’annuler purement et simplement la tenue des Assises à Libreville, en imputant la responsabilité à l’État gabonais.

Une exigence financière incompatible avec le droit gabonais

Au cœur du contentieux : une demande du Bureau international de l’UPF exigeant le versement de 150 000 euros sur un compte bancaire parisien, dans un délai de dix jours, comme condition sine qua non à la tenue de l’événement. Une exigence que les autorités gabonaises ont jugée juridiquement impossible.

Selon la section gabonaise de l’UPF, accepter un tel transfert aurait constitué une violation manifeste des règles de la comptabilité publique, exposant les ordonnateurs à des poursuites disciplinaires et pénales. Le refus opposé par le Gabon n’était donc ni politique ni dilatoire, mais strictement légal. Aucune disposition ne permettait à l’État de transférer des fonds publics vers une structure associative étrangère sans base juridique formelle.

Une convention tardive et un récit contesté

Contrairement à la version avancée par le Bureau international, la section gabonaise affirme qu’aucune convention formelle n’a été transmise au Gouvernement gabonais avant fin octobre 2025. Le premier document évoquant une convention n’aurait émergé qu’au moment où la question du transfert financier s’est posée.

Pis encore, lorsque le Gabon a transmis, le 15 novembre 2025, un projet de convention respectueux de la souveraineté budgétaire et fondé sur la prise en charge logistique et justificative des dépenses, le Bureau international a renvoyé une version modifiée intégrant explicitement l’obligation de verser les 150 000 euros à l’étranger. Cette modification unilatérale a cristallisé le désaccord.

Souveraineté, légalité et responsabilité politique

Pour la section gabonaise de l’UPF, la tentative de présenter le refus gabonais comme un « blocage » relève d’une inversion des responsabilités. Le pays, soutient-elle, a respecté tous ses engagements, proposé des solutions légales et transparentes, et maintenu son entière disponibilité pour accueillir les Assises dans le respect du droit.

L’affaire dépasse désormais le simple cadre organisationnel. Elle pose la question du rapport entre organisations internationales et États africains, et du respect effectif de leur souveraineté juridique et budgétaire. En refusant de s’adapter au cadre légal gabonais, le Bureau international de l’UPF a, de facto, pris la responsabilité de l’annulation.

Dans sa conclusion, la section gabonaise rappelle un principe fondamental : « Les lois de la République gabonaise priment sur les statuts de toute organisation internationale ». Un rappel ferme, qui sonne comme un acte de souveraineté assumée, dans un contexte où la bonne gouvernance et la transparence financière ne peuvent être à géométrie variable.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page