ARTF: un fonctionnement sous fond d’intrigues et de guerre larvée
Que se passe-t-il au sein de l’Agence de régulation des transports ferroviaires (ARTF)? C’est la question qui taraude les esprits face à la situation pour le moins tendue entre le nouveau secrétaire exécutif de cet organe Patrice Aboubacar Nendjot qui, depuis sa nomination à la tête de cette structure à l’issue du Conseil des ministres du 29 avril 2021, est accusé par certains agents d’actes jugés arbitraires en violation de la législation du travail.
En effet, dans sa parution n°745 du lundi 11 octobre l’hebdomadaire Echos du Nord fait large écho de ces agissements pour le moins curieux du patron de l’ARTF. Ainsi, on apprend que dès sa nomination, il aurait entrepris de faire profiter à un de ses acolytes, le dénommé Cédric Olele, les avantages de son nouveau statut en lui octroyant des émoluments alors qu’il n’avait pas encore pris ses fonctions de DCAF. Des agissements qui se seraient accentués au fil des mois et qui selon nos confrères auraient une incidence sur le climat au sein de l’agence où désormais règnerait une atmosphère de règlement de comptes avec en prime des soupçons de détournement de fonds.
Preuve de ce méli-mélo managerial, dès sa prise de fonction Patrice Aboubacar Nendjot aurait décidé unilatéralement, sans la validation du Conseil de régulation, de mettre en place un nouvel organigramme en s’arrogeant les pleins pouvoirs. Dans la foulée, « le SE va pondre la note de service n°026/2021 du 25 mai 2021. Dans celle-ci il annonce qu’en prévision de l’audit fonctionnel et organisationnel requis par Monsieur le ministre des Transports, toutes les augmentations de salaires consenties et non conformes à la réglementation seront suspendues par mesure conservatoire », peut-on lire dans l’hebdomadaire.
Sans attendre ses restes, le secrétaire exécutif aurait opéré des coupes dans les salaires sans que les agents ne sachent la destination prise par ces économies réalisées sur leur dos. Selon les agents cités par Echos du Nord, le ministre apparaît ici tel un bouc émissaire puisqu’aucune note portant instruction au sujet des coupes n’a jamais été présentée. S’en suivra un flot de dénonciation auprès de l’inspecteur spécial du travail, chargé du Transgabonais le 27 mai 2021. au nombre des griefs évoqués par les délégués du personnel, il y a entre autres « la prise de décision unilatérale sur la note de service relative à la suspension et la diminution des salaires des travailleurs au mépris des dispositions légales; la saisine de plusieurs travailleurs sur la note relative à la suspension des augmentations des salaires acquis ou encore la saisine de monsieur Patrick Bibang Bi Nguema en date du 25 mai 2021 au sujet de sa relève d’affectation sans aucun redéploiement ».
Soucieux de démêler l’écheveau dans ce dossier, Gabon Media Time s’est rapproché le 18 octobre 2012 du secrétariat de l’Agence de régulation des transports ferroviaires qui a battu en brèche ces « élucubrations ». Au cours d’un entretien, les responsables de cette administration ont tenu à apporter quelques précisions sur l’ensemble des décisions prises par l’actuel secrétaire exécutif. « Concernant le supposé réaménagement de l’organigramme de l’autorité, il a été validé par le Conseil de régulation qui, selon l’article 7 de l’ordonnance n°017/PR/2010 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Autorité de régulation des transports ferroviaires, est l’organe délibérant chargé de l’administration de l’autorité de régulation ».
Interrogé sur la suspension et la diminution des salaires des travailleurs, le responsable des ressources humaines a relevé qu’il n’était nullement question d’une suspension de salaire. « Sur recommandation du ministre des Transports lors de la prise de fonction du secrétaire exécutif, nous avons décidé d’une suspension des augmentations de salaire afin de voir clair sur le plan de la masse salariale. Mais cette mesure n’a été effective qu’un seul mois, donc il est étonnant que des agents évoquent cette supposée suspension de salaire. D’ailleurs depuis la prise de fonction du SE, il n’y a aucun arriéré de salaire », nous a-t-il confié.
Présent lors de cet entretien, un responsable du syndicat national des agents de l’autorité de Régulation ferroviaire (SNARF) s’est dit surpris de ces plaintes puisque l’organisation syndicale n’a jamais été saisi. Pis l’un des requérants s’est présenté à l’inspecteur spécial du travail, chargé du Transgabonais comme étant un délégué du personnel alors qu’il n’a jamais eu cette qualité. « Ce type d’agissement questionne sur les motivations de la démarche entreprise par nos collègues. D’ailleurs il faut noter qu’ici à l’ARTF plusieurs agents, notamment ceux qui se plaignent aujourd’hui brillent par un absentéisme chronique », s’est-il interrogé.