ARTF : François Banga Ebomi dénonce une gouvernance chaotique du Secrétaire exécutif
Le Conseil de régulation 2025 de l’Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF) s’est tenu ce mardi 28 octobre 2025, au siège de l’institution à Owendo, sous la présidence de François Banga Ebomi. En présence des représentants de dix départements ministériels et institutions, cette session a permis de dresser un constat alarmant sur la situation interne de l’ARTF. À peine dix mois après la prise de fonctions du Secrétaire exécutif Adrien Moukabi, l’Autorité traverse une crise sans précédent. Un contexte de tension que le président du Conseil n’a pas hésité à qualifier de « chaotique », pointant du doigt un management « approximatif, sans vision stratégique ni transparence ».
François Banga Ebomi a dénoncé la marginalisation du Conseil de régulation dans la gestion quotidienne de l’Autorité, ainsi que la prise de décisions unilatérales par le Secrétaire exécutif. « Depuis le 23 décembre 2024, nous assistons à un pilotage à vue de la maison ARTF, sans concertation ni coordination », a-t-il affirmé, regrettant l’absence de communication sur les incidents ferroviaires et les réunions avec les opérateurs du Transgabonais. Selon lui, la gouvernance actuelle se caractérise par « une opacité totale dans la gestion des ressources humaines et financières », aggravée par des recrutements jugés injustifiés et coûteux. « Le personnel est démotivé, les salaires sont versés à la tête du client, et certains agents n’ont pas été payés depuis deux mois », a-t-il martelé devant l’ensemble des participants.
Des dérives managériales et une perte de contrôle sur le Transgabonais
Le président du Conseil de régulation a également dénoncé l’absence d’audit technique et financier sur la concession du Transgabonais, pourtant prévu depuis 2014. Malgré la validation du budget et le feu vert de la Direction générale des marchés publics, le processus aurait été bloqué par le Secrétaire exécutif. « Toutes nos tentatives pour relancer cet audit stratégique ont été sabotées », a accusé François Banga Ebomi, rappelant que ce blocage prive l’État d’un outil essentiel pour contrôler la gestion de la Société d’exploitation du Transgabonais (SETRAG). Plus grave encore, il a dénoncé la signature « dans le secret » de l’avenant n°4 de la convention de concession, le 7 mars 2025, sans consultation du Conseil de régulation.
Pour François Banga Ebomi, cette situation fragilise la régulation du secteur ferroviaire et risque d’avoir des conséquences économiques majeures. Plusieurs opérateurs miniers, dont la Nouvelle Gabon Mining et Africa Mining & Development, auraient déjà manifesté leur inquiétude face à la hausse annoncée des tarifs de transport. Une crise qui, selon le président du Conseil, pourrait entraîner « des pertes d’emplois, une chute des exportations de manganèse et, à terme, la fermeture programmée de l’ARTF ». Autres griefs faits, deux mois d’arriérés de salaires, endettement auprès des organismes sociaux, gel de projets techniques et ambiance délétère au sein du personnel.
Un rapport accablant pour le Secrétaire exécutif
Le rapport présenté au Conseil de régulation fait état d’une masse salariale devenue insoutenable et d’une absence totale de comptabilité auditable. Les administrateurs ont constaté que l’Agent comptable, en poste depuis 2019, exerçait des prérogatives dépassant largement son rôle légal. Le Conseil a ainsi recommandé une série de mesures urgentes : audit indépendant des ressources humaines et des finances, suspension des recrutements effectués sans approbation, suppression des postes et indemnités non conformes, et renforcement de la direction technique, considérée comme le cœur de métier de l’institution.
Les administrateurs ont décidé de convoquer dans les plus brefs délais un Conseil extraordinaire au cours duquel le Secrétaire exécutif Adrien Moukabi devra s’expliquer sur sa gestion. Cette séance se tiendra en présence des autorités de tutelle, dans un contexte où la transparence et la redevabilité deviennent des exigences majeures de la gouvernance publique. Pour François Banga Ebomi, « il est temps que la lumière soit faite sur la gestion de l’ARTF » afin de restaurer la confiance et de remettre le régulateur ferroviaire sur les rails de la légalité et de l’efficacité.










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