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ANBG : des délégués provinciaux et extérieurs abandonnés à leur sort depuis 17 mois

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Un an et demi après leur nomination en Conseil des ministres, les délégués provinciaux et extérieurs de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) vivent une situation intenable. Sans salaires, sans reconnaissance administrative claire et désormais sans postes, ces agents dénoncent une gestion opaque et chaotique qui interroge sur les pratiques internes de l’administration gabonaise.

Le 20 mars 2024, le Conseil des ministres validait une réforme présentée comme ambitieuse : rapprocher l’ANBG des étudiants, en province comme à l’étranger, via la création de délégations spécialisées. Un décret en fixait le cadre et plusieurs délégués furent nommés, porteurs d’une mission stratégique : améliorer la gestion des bourses et renforcer la coopération internationale. Mais depuis leur prise de fonction, c’est un silence assourdissant qui s’est imposé : aucun salaire, aucun moyen, et une absence criante de suivi administratif.

Un décret sans lendemain

Dès leur nomination, les délégués ont été confrontés à un refus de paiement de leurs rémunérations. La raison avancée par certains responsables : « aucun texte ne justifie leur paiement ». Une explication jugée absurde par les premiers concernés, d’autant que d’autres, comme le délégué de Franceville ou la directrice de la coopération internationale, ont perçu leurs salaires sans interruption. Une disparité qui nourrit des soupçons de favoritisme et de détournement des fonds débloqués pour le fonctionnement des délégations.

Dans une lettre publiée le 23 août sur Facebook, Japhet Eyehan, ancien délégué et leader syndical au ministère des Transports, a dénoncé avec force cette situation : « Quelle honte pour l’administration gabonaise, incapable d’assumer ses responsabilités face à un tel désastre ! Quelle avanie vécue par des adultes, responsables de familles, qui ont perdu près de 2 ans de leur carrière, à être tournés en bourriques ! »

Une réforme sabotée ?

Selon plusieurs sources internes, des financements auraient pourtant été débloqués pour ces délégations, mais systématiquement bloqués par certains responsables de l’ANBG. Derrière ce blocage, certains y voient la main des bénéficiaires de l’ancien système, farouchement opposés à une gestion nationale des bourses qui réduirait leur marge de manœuvre.

Face à ce blocage, le Conseil d’administration de l’ANBG a décidé de mettre fin aux postes de délégués, en attendant que le Conseil des ministres statue sur leur réintégration dans leurs administrations d’origine. Mais pour les agents concernés, la coupe est pleine : ils réclament réparation et dignité.

« Le chef de l’État, conscient du problème, devrait s’assurer, dans le processus de retour à nos administrations d’origine, que nous ne tombions pas en dessous de la qualité pour laquelle nous avions été nommés à l’ANBG », a plaidé Japhet Eyehan.

Au-delà des destins individuels, ce scandale révèle l’ampleur des résistances et des dysfonctionnements au sein d’une administration censée accompagner les étudiants gabonais. Une réforme présidentielle sabotée de l’intérieur ? La question reste entière.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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