Aliou Moutsinga : « On ne peut construire un pays sur du mensonge et la tromperie »

Le double scrutin législatif et local du 27 septembre 2025 ne cesse de susciter des réactions au sein de la classe politique. Parmi ces personnalités, Serge Aliou Moutsinga, Secrétaire général de la plateforme Les Patriotes socialistes gabonais(PSG), dont la candidature aux législatives dans le deuxième arrondissement d’Owendo avait été rejetée par le ministère de l’Intérieur.

Lors d’un point de presse organisé le 28 septembre à Libreville, Aliou Moutsinga a exprimé son indignation face à ce qu’il considère comme un processus électoral faussé. « La conséquence, c’est laquelle ? Lorsque le processus est faussé dès le départ, le résultat aboutit à ce que chacun a pu observer lors du déroulement du scrutin », a-t-il affirmé. Selon lui, l’absence d’explications claires sur le rejet de certaines candidatures, dont la sienne, a semé confusion et frustration au sein des électeurs. Moutsinga accuse le ministère de l’Intérieur d’avoir manqué à son rôle en n’appliquant pas rigoureusement les dispositions du Code électoral, ce qui, à ses yeux, témoigne d’un recul démocratique inquiétant.

Des élections sous le signe de la suspicion

Dans ses propos, Serge Aliou Moutsinga a insisté sur la responsabilité du ministère de l’Intérieur, rappelant que cette institution organise les scrutins depuis l’indépendance. Il estime que les dysfonctionnements observés ne peuvent être attribués à la simple incompétence. « On ne peut pas qualifier tout un ministère d’incompétent, ce n’est pas possible. Soit il y a des gens qui ont décidé de nuire et de tout faire pour que rien ne change », a-t-il martelé. Pour le leader du PSG, cette gestion opaque traduit une volonté manifeste de maintenir le statu quo, malgré les aspirations de la population à plus de justice et de transparence. Il a également averti que la répétition de telles pratiques risquait de fragiliser durablement les institutions et d’alimenter le mécontentement populaire.

Aliou Moutsinga est allé plus loin en pointant les dangers pour l’avenir de la République. « On ne peut pas construire un pays sur la base du mensonge, sur la base de la tromperie, sur la base du copinage. On ne peut aller nulle part avec ça », a-t-il insisté. Pour lui, le système actuel ne peut générer ni confiance ni progrès si les règles du jeu politique ne sont pas respectées. À travers ce message, il appelle à un sursaut collectif afin d’éviter que le pays ne s’enfonce dans une crise de légitimité. Moutsinga en appelle ainsi à la responsabilité des autorités, rappelant que le président est élu pour l’ensemble des Gabonais et doit gouverner avec tous, sans exclusive.

En conclusion, le Secrétaire général des Patriotes socialistes gabonais a exhorté le ministre de l’Intérieur à assumer pleinement ses responsabilités. Il a affirmé que cette élection « restera dans l’histoire comme l’une des plus controversées de la Ve République », appelant à des réformes profondes pour restaurer la confiance des citoyens dans le processus électoral. Tout en reconnaissant que les scrutins précédents n’étaient pas exempts d’imperfections, il a souligné qu’il n’avait « jamais été témoin d’un tel spectacle ». Selon lui, si rien ne change, le risque est grand de voir la République elle-même perdre en crédibilité et en stabilité.