Akanda : Angondjé Village, promesse en béton, réalité en boue !

À quelques encablures du centre-ville de Libreville, un quartier oublié par les politiques publiques malgré les engagements du CTRI. À Angondjé, au lieu-dit Fin Béton, les habitants ne croient plus aux discours. Ils vivent chaque jour dans la poussière, en saison sèche et la boue en saison des pluies, les trous et l’indifférence. Là où le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) avait promis une route bétonnée sur 5,5 kilomètres en six mois, il ne reste qu’un terrain éventré et un panneau de chantier tombé dans l’oubli. Le temps a passé, les engins ne sont jamais venus, constate Gabonmailinfos.
Pendant ce temps, dans d’autres quartiers, bitume et bornes-fontaines s’installent à vive allure, comme pour rappeler qu’il existe des zones à visibilité électorale… et d’autres à invisibilité sociale. À Angondjé Village, on fait partie des oubliés de la République, bien qu’on vive à quelques kilomètres à peine des grands axes.
De la promesse présidentielle à la panne de chantier
Désigné comme zone pilote du programme de bétonnage urbain, Angondjé Village devait devenir un symbole de la nouvelle gouvernance. Mais depuis l’annonce tambour battant du CTRI, aucun signe de l’État. Ni bulldozer, ni équipe technique. Les habitants, eux, ont seulement vu passer les saisons… et les élus en quête de visibilité.
Pire encore, à l’absence de routes s’ajoute celle de l’eau. Ici, l’accès à l’eau potable est un défi quotidien. Les robinets sont secs, les forages improvisés. Dans un quartier peuplé, actif, vivant, l’État semble absent, voire volontairement sourd. « On se demande si on est Gabonais au même titre que ceux de la Sablière ou de Louis », souffle un habitant, amer.
Quand le citoyen supplée à l’État
Face à cette inertie, un homme s’est levé. Riverain du quartier, il a pris sur lui d’organiser un raclage artisanal du chemin principal, avec ses propres moyens. Une action saluée par tous, car elle a permis de désenclaver temporairement certaines zones. Mais ce raclage, sans canalisation, sans étude d’évacuation des eaux, est une solution de fortune. Une bombe à retardement dès les premières pluies.
Dans cette zone où les services publics brillent par leur absence, l’ingéniosité citoyenne se heurte aux limites de l’infrastructure. À défaut de soutien de l’État, ce sont les bras et les pelles qui prennent le relais. Mais pour combien de temps ?
L’UDB, les fiches et l’ironie
Comme un dernier coup de poignard, les habitants ont récemment vu défiler les membres de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB). Non pas pour une solution, encore moins pour une écoute, mais pour distribuer des fiches d’adhésion. À défaut de routes, on propose des slogans. À défaut d’eau, on vend des rêves politiques.
Angondjé Village ne réclame pas des privilèges. Il demande simplement l’équité. Les routes en béton, l’eau potable, les soins de santé, l’accès à l’électricité — ces droits fondamentaux qui existent dans les autres quartiers de Libreville. Ce quartier ne demande pas la lune, mais la République.
Il est temps que les autorités comprennent que le développement ne peut être à géométrie variable. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a promis la restauration des institutions. Cela passe aussi — et surtout — par la restauration des routes, de l’eau, de la dignité… à Angondjé comme ailleurs.
GMT TV