AGASA : bras de fer entre la direction et le SYNATA autour d’une grève illimitée

Un mouvement social secoue l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA). Tandis que le directeur général, Dr. Jean Delors Biyogué Bi Ntougou, durcit le ton en rappelant que les jours de grève ne seront pas rémunérés, le Syndicat national des travailleurs (SYNATA) accuse la direction de violations répétées du dialogue social et de mépris des engagements pris.
Une direction inflexible sur le droit de grève. Dans une note en date du 1er octobre 2025, la direction de l’AGASA rappelle que si le droit de grève est garanti par la Constitution et la loi n°022/2021 du 19 novembre 2021, il reste encadré. « Les heures de travail perdues du fait de la grève ne donnent pas lieu à rémunération, sauf si la grève résulte du non-paiement à terme du salaire », souligne l’article 386 du Code du travail.
Le directeur général affirme ainsi que « force reste à la loi » et prévient que toute absence liée au mouvement sera décomptée des salaires. Dans une publication Facebook, il va plus loin, dénonçant une « prétendue grève » menée par un « groupuscule » qui aurait « pillé l’agence » et qui, selon lui, cherche à bloquer les réformes visant à redonner « ses lettres de noblesse » à l’AGASA.
Des revendications centrées sur le respect des engagements
De son côté, le SYNATA réfute l’accusation de corporatisme et justifie la grève illimitée par des manquements graves de la direction. Dans un courrier daté du 29 septembre et adressé à la hiérarchie, le syndicat rappelle que ce mouvement fait suite à un préavis déposé le 16 septembre, conformément aux articles 383, 384 et 385 du Code du travail.
Les travailleurs dénoncent le non-respect des recommandations issues du comité paritaire DG-SYNATA, mis en place à la demande des plus hautes autorités et dont les conclusions avaient été actées dans un protocole d’accord transmis le 9 septembre. À cela s’ajoute la confiscation du bus de transport du personnel par un membre du cabinet du DG, privant les agents d’un avantage social majeur.
Service minimum et enjeux nationaux
Conscients de la sensibilité de leurs missions, certification sanitaire, inspection des produits phytosanitaires et protection de la santé publique — les grévistes annoncent qu’un service minimum de 40 % sera maintenu sur l’ensemble du territoire. Mais ils préviennent que des restrictions toucheront la délivrance des certificats, les inspections et le traitement des dossiers.
« Tout ceci témoigne de la valeur que vous accordez au dialogue républicain et à la liberté syndicale », écrit le SYNATA au DG, accusant ce dernier de mettre en péril non seulement les acquis sociaux mais aussi la crédibilité de l’agence face à ses partenaires nationaux et internationaux.
Une confrontation à haut risque
Entre une direction qui campe sur la fermeté légale et un syndicat qui brandit la légitimité du dialogue social, le bras de fer pourrait fragiliser une institution stratégique pour la sécurité alimentaire du pays. Dans l’attente d’une médiation, le spectre d’un blocage prolongé plane sur un secteur vital, au moment où l’opinion publique reste attentive aux signaux envoyés par le gouvernement en matière de gouvernance sociale.
GMT TV