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Afrobarometer : seulement 26 % des jeunes Gabonais satisfaits du service public de l’électricité 

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Selon le dernier rapport Afrobarometer, l’électricité est le service public le plus mal noté par les jeunes Gabonais. À peine 26 % d’entre eux se déclarent satisfaits. Une contre-performance qui tombe en plein cœur de la crise avec Aggreko, alors que les délestages se multiplient dans le Grand Libreville.

Le dernier rapport Afrobarometer, qui analyse la perception citoyenne des politiques publiques, révèle une réalité brutale : aucun secteur n’inspire autant de mécontentement que l’électricité. Chez les 18–35 ans, seulement 26 % jugent le service satisfaisant, un niveau d’approbation au plus bas, tous secteurs confondus. Ce verdict traduit un malaise profond. Délestages imprévisibles, surtensions dangereuses, pannes à répétition… Les jeunes pointent une dégradation continue qui impacte leur quotidien, leur travail, leur sécurité et même leur santé.

Une fragilité exposée par la crise Aggreko

Les chiffres publiés par Afrobarometer entrent en résonance directe avec le climat électrique explosif qui secoue actuellement Libreville. Le 14 novembre, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a convoqué d’urgence le directeur général d’Aggreko pour exiger des solutions rapides face aux coupures massives qui paralysent la capitale.

Aggreko, qui produit environ 30 % de l’électricité du Grand Libreville, a reconnu « des insuffisances majeures ». Un aveu rare qui illustre la profondeur de la crise. Pour l’exécutif, la situation n’est plus tenable : la stabilité énergétique est devenue une priorité nationale.

Un service jugé coûteux, instable et dangereux

Des milliers de jeunes confrontés à un quotidien sous tension. Pour la jeunesse gabonaise, les difficultés du secteur ne se résument pas à de simples désagréments. Afrobarometer le montre clairement : deux tiers des jeunes jugent la qualité du courant mauvaise ou très mauvaise ; les coupures dépassent parfois 10 heures, notamment à Nzeng-Ayong, Bikélé, Owendo ou Beau-Séjour ; les équipements électroniques sont régulièrement endommagés ; les entreprises subissent des pertes ; les hôpitaux dépendent de groupes électrogènes presque en continu.

L’électricité apparaît ainsi comme la première source de frustration des jeunes, loin devant d’autres services publics.

La jeunesse attend des actes, pas des annonces

Depuis le 30 août 2023, les autorités de la Transition avait, à l’époque, ravivé l’espoir d’un renouveau institutionnel et économique. Mais Afrobarometer rappelle une réalité : la confiance de la jeunesse reste fragile, et l’électricité en est le premier révélateur. La crise actuelle expose une exigence publique claire : la lutte contre les coupures, la modernisation des infrastructures, la transparence contractuelle et la responsabilisation des opérateurs ne peuvent plus attendre. La stabilité énergétique est désormais un marqueur de crédibilité politique.

À l’heure où les jeunes Gabonais affirment massivement que « le pays va dans la bonne direction », leur jugement sur l’électricité montre qu’un échec structurel pourrait freiner cet élan. Le message d’Afrobarometer est sans ambiguïté : sans électricité fiable, aucune politique publique durable n’est possible. Il appartient désormais au gouvernement de transformer ce talon d’Achille en colonne vertébrale de son action.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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