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Afrobarometer : pourquoi plus d’un jeune sur deux veut quitter le Gabon ?

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Selon les dernières données d’Afrobarometer, 54 % des jeunes gabonais envisagent d’émigrer. Un chiffre inédit qui révèle un malaise profond au sein d’une génération pourtant majoritairement instruite, mais désabusée face au chômage, au manque d’opportunités et à l’absence de perspectives socio-économiques. Un exode potentiel lourd de conséquences pour le pays.

Alors que le Gabon affiche l’un des meilleurs taux de scolarisation du continent, l’enquête Afrobarometer révèle un paradoxe qui interpelle : plus d’un jeune sur deux souhaite quitter le pays, temporairement ou définitivement. Une tendance qui touche principalement les diplômés de l’enseignement secondaire et supérieur, autrement dit les compétences dont l’économie gabonaise a le plus besoin.

Pour beaucoup d’entre eux, l’émigration n’est plus un rêve lointain, mais une stratégie de survie professionnelle. Avec un taux de chômage frappant près de 50 % des jeunes, ces derniers ne voient plus leur avenir au Gabon. L’école produit des diplômés, mais l’économie n’offre pas les emplois permettant leur insertion.

Entre optimisme national et pessimisme personnel

Un autre chiffre du sondage complète ce paradoxe : 87 % des jeunes déclarent que « le pays va dans la bonne direction » depuis le 30 août 2023. Mais cet optimisme collectif ne se traduit pas sur le plan individuel. Beaucoup disent croire au processus de Transition, sans pour autant percevoir d’amélioration concrète dans leur vie quotidienne.

Ce décalage nourrit un sentiment de stagnation. La méfiance envers le marché du travail, le manque de mobilité sociale et la faiblesse des opportunités économiques incitent les jeunes à envisager un avenir ailleurs, loin des discours et des promesses de réforme.

Les risques d’un exode massif

Au-delà des trajectoires individuelles, l’intention d’émigrer d’une majorité de jeunes pose un défi national majeur. Le Gabon risque d’être confronté à une fuite des compétences dans des secteurs clés tels que le numérique, l’ingénierie, la santé ou la logistique. L’équation est simple : moins de jeunes qualifiés, c’est moins de croissance, moins d’innovation et plus de dépendance extérieure.

À moyen terme, un exode structurel pourrait même accentuer le vieillissement de la population active. Une situation qui mettrait à mal les ambitions de transformation économique portées par la Transition.

Un défi stratégique pour l’État

Pour Afrobarometer, les attentes de la jeunesse sont claires : plus d’emplois, davantage de formations adaptées, un environnement propice à l’entrepreneuriat et une gouvernance économique crédible. L’exode n’est pas une fatalité. Il est la conséquence directe d’une promesse républicaine non tenue : celle d’un avenir possible pour chacun.

Si le Gabon veut garder ses forces vives, il devra transformer l’optimisme national post-30 août en opportunités concrètes. La jeunesse n’attend plus de discours. Elle attend des résultats.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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