Afrobarometer : les chefs traditionnels plus corrompus que les leaders religieux

Afrobarometer, réseau panafricain de sondage indépendant, a publié le 28 août 2025 sa dépêche n°1037, consacrée à la perception de la corruption au Gabon. Réalisée en novembre et décembre 2021 par le Centre d’Études et de Recherche en Géosciences Politiques et Prospective (CERGEP) auprès de 1.200 citoyens, cette enquête livre un panorama détaillé de la confiance accordée aux institutions et aux leaders sociaux. Si la police et le Parlement dominent le classement des entités jugées les plus corrompues, l’étude apporte aussi un éclairage sur des figures traditionnellement respectées à savoir, les chefs coutumiers et les responsables religieux.
Selon les résultats, 38 % des gabonais estiment que « la plupart » ou « tous » les chefs traditionnels sont corrompus, un taux plus élevé que celui observé chez les leaders religieux (34 %). Plus d’un citoyen sur deux pense néanmoins que « certains » acteurs de ces deux sphères sociales trempent dans des pratiques douteuses, révélant une méfiance généralisée. Bien que les pourcentages soient inférieurs à ceux enregistrés pour les institutions politiques ou administratives, ils montrent que la corruption n’épargne pas des figures autrefois perçues comme garantes de la cohésion sociale et de l’éthique collective.
La confiance religieuse résiste mieux que l’autorité coutumière
La comparaison met en évidence un contraste, à savoir que si les leaders religieux conservent une crédibilité relative, les chefs traditionnels semblent souffrir d’un déficit d’image. Ces derniers sont perçus comme davantage exposés aux influences politiques et économiques locales, ce qui ternit leur rôle d’arbitres sociaux. À l’inverse, les responsables religieux bénéficient encore d’une certaine aura spirituelle qui freine, sans l’annuler, la perception de corruption. Pour de nombreux citoyens, les églises et communautés de foi représentent un dernier refuge moral face aux dérives institutionnelles.
Ces tendances ne doivent pas masquer la profondeur du malaise général qui est que 99 % des gabonais jugent que la corruption touche au moins une partie de la police, tandis que le Parlement, les services fiscaux et la justice souffrent également d’un manque flagrant de confiance. Le fait que même les chefs traditionnels et les leaders religieux soient rattrapés par les soupçons révèle l’ampleur de la crise de gouvernance. Ces résultats d’Afrobarometer invitent à des réformes urgentes, afin de restaurer l’intégrité et la transparence au sein de toutes les sphères de la société.
GMT TV