Afrobarometer : 63 % des jeunes Gabonais placent l’emploi en priorité des politiques publiques
Selon le dernier rapport Afrobarometer, 63 % des jeunes Gabonais considèrent la création d’emplois comme la priorité absolue du pays. Un signal clair adressé au gouvernement de Brice Clotaire Oligui Nguema, confronté au défi de transformer l’espoir post-30 août en politiques publiques tangibles.
Une jeunesse qui place l’emploi bien au-dessus de toute autre urgence nationale. Le rapport Afrobarometer, publié le 13 novembre 2025, dresse un constat sans équivoque : près de deux jeunes Gabonais sur trois (63 %) estiment que la lutte contre le chômage doit être la première priorité du gouvernement. Un niveau record, jamais atteint dans les précédentes éditions de l’enquête, et qui en dit long sur l’inquiétude profonde qui traverse les 18-35 ans.
Pourtant, l’étude révèle un paradoxe saisissant : malgré un taux d’instruction parmi les plus élevés de la sous-région, près de 50 % des jeunes se déclarent au chômage, un chiffre qui situe le Gabon au-dessus de la moyenne africaine. Une discordance qui éclaire la frustration grandissante d’une génération à la fois diplômée, connectée, exigeante — mais durablement mise à l’écart du marché de l’emploi.
Des attentes immenses envers la Transition
Dans un pays marqué par la rupture politique du 30 août 2023, la jeunesse apparaît comme l’acteur social le plus disposé à accorder une seconde chance à l’État. Afrobarometer révèle ainsi que 87 % des jeunes pensent que le pays va dans la bonne direction, un optimisme inédit depuis plus d’une décennie. Mais cet élan d’espoir est conditionné : il dépend de l’arrivée rapide de « résultats concrets » en matière d’emplois, de formation, et d’égalité des chances.
Cette confiance, le gouvernement Oligui Nguema ne peut ni l’ignorer, ni la décevoir. Elle constitue un capital politique rare… mais volatil. Car dans le même temps, 73 % des jeunes interrogés estiment que l’offre d’enseignement ne correspond pas aux besoins du marché, révélant une inadéquation profonde entre les cursus de formation et les secteurs réellement porteurs.
Les politiques publiques face au mur de la réalité
Depuis septembre 2023, la Transition a multiplié les annonces : Agence nationale de formation et d’insertion, programmes d’employabilité, soutien à l’entrepreneuriat, refonte de la formation professionnelle. Mais dans les faits, Afrobarometer montre que seuls 31 % des jeunes déclarent avoir bénéficié d’une opportunité d’emploi ou de formation financée par l’État au cours des 12 derniers mois.
Le décalage est donc net entre le discours institutionnel et l’expérience quotidienne des jeunes. La question devient alors centrale : la cinquième République dispose-t-elle, à ce stade, des instruments nécessaires pour absorber l’afflux annuel de dizaines de milliers de jeunes sur le marché du travail ?
Une génération prête à entreprendre, mais sans écosystème solide
Autre enseignement clé du rapport : 51 % des jeunes souhaitent créer leur entreprise, signe d’un état d’esprit tourné vers l’autonomie économique. Mais moins de 12 % déclarent avoir accès à un financement, et seulement 9 % à une structure d’accompagnement efficace. Autrement dit, l’esprit entrepreneurial existe. C’est l’environnement qui manque.
Entre lourdeurs administratives, fiscalité peu incitative, accès limité au crédit et absence de fonds d’amorçage, les obstacles structurels restent nombreux. Le défi de la Transition est donc double : améliorer l’accès à l’emploi salarié tout en posant les bases d’un véritable marché entrepreneurial gabonais.
Le test décisif du gouvernement : transformer l’optimisme en progrès réel
L’étude Afrobarometer agit comme un miroir sans concessions : elle révèle l’immense attente sociale placée sur le gouvernement Oligui Nguema, mais aussi la fragilité du pacte de confiance entre la jeunesse et les institutions. Le chômage des jeunes n’est plus une problématique sectorielle ; c’est le nœud politique, économique et social de la cinquième République.
Si le pouvoir actuel parvient à répondre à ces attentes, création d’emplois, refonte de la formation, soutien massif à l’entrepreneuriat, alors la dynamique post-30 août pourra s’inscrire dans la durée. Dans le cas contraire, le désenchantement pourrait être brutal et profond, à la hauteur de l’espoir aujourd’hui exprimé. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.








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