Derniers articlesSOCIETE

Afrobarometer : 61% des gabonais jugent «difficile d’obtenir de l’aide» de la Police 

Ecouter l'article

Au Gabon, plus de la moitié des citoyens qui sollicitent la police affirment qu’il est « difficile » ou « très difficile » d’obtenir l’assistance dont ils ont besoin. L’enquête Afrobarometer 2025 révèle un parcours du combattant où les goulets d’étranglement – accueil, information et procédures – finissent par décourager les plaignants.

Quand porter plainte devient une épreuve. En théorie, la police est le premier recours des citoyens face au danger ou à l’injustice. En pratique, 61% des Gabonais qui ont cherché de l’aide en 2021 ont buté sur des obstacles décourageants : attente interminable, accueil froid, demandes informelles de « frais » pour enclencher une procédure. « On vous demande d’abord d’écrire un courrier, puis d’aller voir un supérieur, de payer le carburant, et à la fin, rien n’avance… », confie un usager de la zone de Belle-Vue.

Ce parcours décousu s’explique par le manque de guichets spécialisés et la complexité des procédures. Trop souvent, une plainte se perd dans les méandres administratifs sans suivi, ni retour au plaignant.

Formation insuffisante, procédures lourdes

Le rapport souligne aussi une faiblesse structurelle : la formation des agents d’accueil reste insuffisante pour traiter les demandes avec professionnalisme. Dans certains commissariats, un citoyen peut se retrouver face à un agent peu formé aux procédures légales, préférant renvoyer le plaignant plutôt que d’assumer la responsabilité de l’enregistrement.Cette faiblesse nourrit la perception d’une police lente, opaque et parfois indifférente, alors que ses missions supposent réactivité et proximité.

Pour sortir de ce cercle vicieux, plusieurs pistes émergent. La première : créer un guichet unique de dépôt de plainte, physique et numérique, permettant un suivi transparent de chaque dossier. Une telle innovation garantirait la traçabilité des démarches et réduirait les risques d’abandon.

La seconde : numériser les procédures avec un système de plaintes en ligne ou via application mobile, permettant d’éviter les files d’attente et les pertes de dossiers. Dans un pays où le mobile money et les services numériques progressent à grande vitesse, cette piste paraît réaliste.

Une urgence citoyenne et politique

Dans un contexte où seuls 25% des Gabonais déclarent faire confiance à la police, la réforme de l’accueil et des procédures n’est pas un luxe, mais une urgence. Chaque plainte ignorée est une victoire pour l’impunité et une défaite pour l’État de droit.

Le gouvernement a promis des réformes avec la création d’unités spécialisées et le recrutement de 1 000 agents supplémentaires. Mais sans modernisation des procédures et sans culture du service public, la machine policière continuera de broyer les espoirs des requérants au lieu de protéger leurs droits.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page