Afrique : Luc Bengono Nsi ravive le débat sur les rapports postcoloniaux avec la France

Dans une publication virulente sur sa page Facebook, ce lundi 21 juillet 2025, Luc Bengono Nsi, président et membre fondateur du Mouvement de redressement national (MORENA), est revenu sur l’héritage colonial et les manœuvres supposées de la France dans la vie politique des pays africains. Un message au ton sans détour, qui relance la critique d’un néocolonialisme persistant.

« À voir la violence avec laquelle les Colons ont traité les Africains, on peut se demander si cet esprit de recherche absolue de leurs intérêts a réellement changé malgré leur message diplomatique », affirme l’opposant historique, dans un message publié ce 21 juillet. Pour Luc Bengono Nsi, la stratégie de domination coloniale ne s’est jamais véritablement arrêtée. Elle se serait simplement redéployée sous des formes politiques, économiques et diplomatiques plus subtiles, maintenant les peuples africains « dans la misère et la pauvreté ».

Une dénonciation explicite du rôle de la France au Gabon

S’il parle de manière générale des rapports entre les anciennes puissances coloniales et les États africains, c’est bien à la France et à son rôle au Gabon que Luc Bengono Nsi adresse ses critiques les plus directes. Il prend pour exemple l’élection présidentielle controversée de 2009, à l’issue de laquelle Ali Bongo Ondimba avait accédé au pouvoir dans un climat de tensions et de contestations.

Citant une déclaration supposée de l’ambassadeur de France de l’époque, il rapporte : « Avant chaque élection présidentielle, vous allez chercher votre adoubement à l’Élysée. L’Élysée a retenu Ali Bongo, vous n’avez donc plus à vous plaindre ». Une anecdote qui, selon lui, illustre l’ingérence continue des puissances occidentales dans les processus démocratiques africains, sous couvert de diplomatie et de coopération.

Le phénomène sahélien comme acte de rupture

Dans la dernière partie de sa publication, le président du MORENA établit un lien direct avec les dynamiques de rupture en cours dans le Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui ont récemment rompu leurs accords militaires et dénoncé les politiques économiques imposées par les institutions internationales dominées par l’Occident.

« Les peuples et leurs leaders ont réellement découvert les manœuvres de la France et de l’Occident pour empêcher l’industrialisation et le développement de l’Afrique », affirme-t-il, saluant cette prise de conscience qu’il juge « salutaire ».

Une voix historique toujours en résonance

Fondateur du MORENA et figure de la lutte pour le multipartisme au Gabon dans les années 1980, Luc Bengono Nsi continue de porter une parole politique radicale, qui puise dans l’histoire des luttes panafricanistes, et dénonce sans ambages les mécanismes néocoloniaux. Dans un contexte marqué par une résurgence des mouvements souverainistes en Afrique francophone, sa prise de parole, bien qu’informelle, trouve un certain écho dans une opinion gabonaise de plus en plus critique envers les anciennes puissances coloniales.

Alors que le Gabon célèbre cette année son 65e anniversaire d’indépendance dans un climat de renouveau politique, le message de Luc Bengono Nsi relance une question fondamentale : notre souveraineté est-elle réellement acquise ou encore sous tutelle ? Une interpellation à laquelle les nouvelles autorités de la Vème République devront bien répondre.