Derniers articlesJUSTICE

Affaire Santullo : la justice suisse clôt définitivement l’enquête malgré 730 millions de flux douteux

Ecouter l'article

Le long feuilleton judiciaire autour des activités de Guido Santullo au Gabon s’est achevé en Suisse. Le ministère public de la Confédération (MPC) a annoncé, le 20 août, le classement définitif de l’enquête visant l’homme d’affaires franco-italien décédé en 2018. Bien que des flux financiers douteux estimés à près de 730 millions de francs suisses aient été détectés, les soupçons de corruption n’ont pas été confirmés.

Un dossier marqué par de lourds soupçons. L’enquête avait été ouverte à Genève après une plainte déposée par l’État gabonais, qui accusait Guido Santullo et son groupe Sericom de corruption active et de blanchiment d’argent dans le cadre de contrats de gré à gré conclus avec l’État. Plusieurs comptes bancaires avaient été gelés et les investigations du Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) avaient révélé d’importants flux financiers jugés suspects.

Toutefois, comme le souligne le site suisse gothamcity.ch, cité par Gabonreview, ces éléments n’ont pas suffi à établir formellement les faits de corruption. Les autorités suisses se sont heurtées à la complexité des circuits financiers et à l’absence de coopération judiciaire suffisante pour étayer les poursuites.

Le poids du contexte politique gabonais

Cette clôture définitive s’inscrit dans un contexte politique particulier. Après le coup d’État d’août 2023, qui a mis fin au régime d’Ali Bongo, les nouvelles autorités gabonaises ont retiré leur plainte en Suisse et conclu un accord avec Sericom. Cette décision a profondément modifié le dossier, réduisant l’intérêt judiciaire helvétique pour la poursuite de l’affaire.

Selon plusieurs observateurs, cette évolution démontre combien les litiges internationaux de corruption sont souvent conditionnés par les rapports de force politiques internes. Pour le Gabon, l’affaire Santullo a longtemps symbolisé les dérives du gré à gré et la fragilité des institutions face aux grands contrats publics.

La fin d’un contentieux emblématique

En mettant fin aux procédures, la justice suisse clôt un litige qui aura duré plusieurs années et nourri de nombreuses tensions politiques et économiques entre le Gabon et l’empire Santullo. Concrètement, cela signifie la levée du gel des comptes bancaires et la suspension de toute procédure pénale liée à ce dossier en Suisse.

Pour le Gabon, cette décision marque un tournant : elle referme une page judiciaire lourde mais laisse intactes les interrogations sur les pratiques passées en matière de gouvernance publique et de gestion des contrats d’État.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page