Affaire Pascaline Bongo : une mise en examen qui ravive les soupçons de corruption transnationale

Mise en examen pour blanchiment de corruption passive, la fille de l’ancien président de la république gabonaise Omar Bongo Ondimba est de nouveau rattrapée par la justice française. Selon l’Agence France presse (AFP), Pascaline Mferri Bongo aurait bénéficié de fonds suspects via une société basée à Hong Kong en Chine.
La justice française semble décidée à maintenir la pression judiciaire sur la famille Bongo. Près d’un an après la chute d’Ali Bongo Ondimba, c’est au tour de sa sœur aînée, Pascaline Mferri Bongo, d’être rattrapée par les soupçons de corruption. D’après une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) publiée ce mercredi, celle qui fut la toute-puissante directrice de cabinet de feu le président Omar Bongo Ondimba, puis « Haut représentant personnel » de son frère Ali jusqu’en 2019, a été mise en examen en janvier 2025 à Paris pour blanchiment de corruption passive par agent public étranger.
Cette mise en examen survient dans le cadre d’une procédure judiciaire ouverte en 2015, à la suite de la découverte de documents jugés compromettants lors d’une perquisition liée à une autre affaire. Ces éléments ont mené les enquêteurs à s’intéresser à une structure offshore créée à Hong Kong, que Pascaline Mferri Bongo est soupçonnée d’avoir utilisée pour canaliser plusieurs millions de dollars.
Des flux financiers suspects entre la Chine, Hong Kong et les États-Unis
Selon des sources proches du dossier citées par l’AFP, cette entité aurait perçu des fonds d’origine chinoise avant que ceux-ci ne soient transférés sur les comptes bancaires personnels de pascaline Mferri Bongo aux États-Unis, ou sur ceux de ses proches et d’autres sociétés liées à elle. L’enquête estime que plus de 10 millions de dollars auraient ainsi pu être blanchis.
L’avocate de la mise en cause, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, dénonce de son côté un « acharnement » judiciaire sur la base d’un dossier qu’elle qualifie de « bancal » et « lacunaire ». Elle a saisi la chambre de l’instruction afin de contester la régularité de la mise en examen.
Un dossier judiciaire tentaculaire : Pascaline Bongo au cœur de deux procédures distinctes
Cette affaire s’ajoute à une autre information judiciaire ouverte en France sur le volet gabonais des « biens mal acquis », close en mars 2025. Dans ce dossier emblématique, Pascaline Mferri Bongo avait été relaxée en première instance en 2024, malgré des accusations de corruption passive d’agent public étranger pour des faits remontant au début des années 2010. Le parquet national financier a toutefois interjeté appel, maintenant l’affaire en cours.
D’après les éléments recueillis par l’AFP, un avocat français ayant représenté l’État gabonais à l’époque a également été mis en examen dans le même dossier de blanchiment, mais a préféré garder le silence à ce stade de la procédure.
Un signal fort en période de transition politique
Cette nouvelle mise en cause d’une figure majeure de l’ancien régime intervient dans un contexte de redéfinition des rapports entre le Gabon et la France, marqué par une volonté affichée de rupture avec les pratiques de la Françafrique. Dans une transition qui ambitionne de rebâtir un État plus transparent, cette affaire vient rappeler les liens troubles entre pouvoir politique, gestion des ressources publiques et circuits financiers opaques.
Pascaline Mferri Bongo, 68 ans, reste à ce jour l’un des symboles d’une gouvernance gabonaise longtemps concentrée entre les mains d’un clan familial. Alors que la justice française resserre l’étau, la question demeure : ces procédures judiciaires ouvriront-elles une nouvelle ère de reddition des comptes au sommet de l’État gabonais ?
GMT TV