Affaire du «milliard d’Iboundji» : quid de la responsabilité du Délégué Spécial de la Commune ?
Les tensions autour de la gestion des fonds destinés au développement local à Iboundji persistent, avec des révélations récentes sur l’affaire désignée comme le « milliard d’Iboundji », département de l’Offoue-Onoye, liée à l’utilisation des ressources allouées par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Si la semaine écoulée trois individus, dont le délégué spécial de la Commune Jean-Claude Pango, ont été entendus à la Direction Générale des recherches (DGR) à Koulamoutou, alimentant les débats sur l’affaire, la responsabilité de ce dernier dans ce scandale se réduit peu à peu comme une peau de chagrin.
Tout débute en mai 2024, lors de la tournée interprovinciale du Président de la Transition, le Général Brice-Clotaire Oligui Nguema dans la province de l’Ogooué-Lolo. À cette occasion, une enveloppe impressionnante de 7 milliards de FCFA a été débloquée pour financer divers projets à fort impact social dans la région. La commune d’Iboundji s’est vu attribuée 380 millions de FCFA.
Plusieurs projets de devéloppement retenus pour la Commune d’Iboundji
Un montant réparti entre trois entreprises en l’occurrence Thermo-BTP pour la fabrication et livraison de deux pondeuses de briques industrielles, soit 15 millions de FCFA, MIBENGA pour l’extension du réseau d’eau potable avec une enveloppe de 66 millions de FCFA et GGRC commise pour la réhabilitation de l’école publique de Moupopa, la rénovation de l’auberge municipale et la construction d’un nouvel Hôtel de Ville, soit 300 millions de FCFA. Le reste des fonds, soit plus de 600 millions de FCFA, a été alloué au département de l’Offoué-Onoye pour d’autres projets identifiés.
Des chantiers en panne et des soupçons de mauvaise gestion
Sauf que, un an plus tard, le constat sur le terrain reste amère : de nombreux projets, tels que la construction du nouvel Hôtel de Ville, accusent des retards significatifs avec un taux d’exécution d’à peine 15 %. Malgré le décaissement intégral des sommes attribuées, les résultats tangibles font défaut, suscitant de vives inquiétudes et une vague d’indignation au sein de la population.
Des faits qui ont abouti, la semaine écoulée, à l’interrogatoire des responsables de deux des sociétés adjudicataires, Jean Olivier Moudiango Mbongui et Régis Dikolangoye mais surtout du Délégué Spécial de la Commune d’Iboundji, Jean Claude Pango. L’audition de ce dernier, selon des sources dignes de foi, aurait d’ailleurs permis d’écarter sa responsabilité dans ce dossier qui laisse entrevoir des pratiques douteuses dans la gestion de ces fonds publics.
D’ailleurs dans le cadre de ce dossier, le Délégué Spécial, qui n’assurait pas la gestion des fonds car alloués directement aux entreprises, aurait à plusieurs reprises attirer l’attention des plus hautes autorités sur la situation. Par exemple, dans une correspondance datée du 28 août 2025, Jean Claude Pango révélait que l’entreprise Mibenga chargée de l’extension du réseau d’eau au sein de la Commune et qui avait déjà perçu la moitié des fonds avait effectué des travaux non satisfaisant « en termes de capacités, d’efficience et de durabilité ».
Pour le cas de la société GGRC, confrontée à de graves difficultés financières, celle-ci était dans l’incapacité de poursuivre les chantiers ou de payer ses employés. Le délégué spécial proposait alors que les projets soient repris par une autre entreprise locale, KONTE BTP, prête à préfinancer la suite des travaux.
Dans la même démarche, le Délégué Spécial a constamment tenu informé sa hiérarchie sur les réalisations déjà effectuées, les dysfonctionnements techniques observés et les mesures conservatoires prises, notamment la mise en veille des chantiers et la sécurisation des sites, en attendant une reprise autorisée. Des initiatives locales ont également été relancées : fourniture d’eau potable, remplacement des ampoules d’éclairage public et réhabilitation de points d’accès à l’eau, afin de maintenir une dynamique d’amélioration malgré la suspension des grands chantiers.
Toutes choses qui laissent croire que la responsabilité du Délégué Spécial de la Commune d’Iboundji pourrait être écartée. Si pour l’heure, les enquêtes se poursuivent, les regards devraient par contre se tourner vers des projets dans le département de l’Offoué-Onoye, où des chantiers n’ont jamais été concrétisés. Il faut dire que cette situation alimente des questionnements parmi la population d’Iboundji : le traitement réservé à la Commune et à son Délégué Spécial n’est-il qu’une simple mise en lumière d’une situation plus vaste ? Pourquoi une attention si marquée sur la Commune d’Iboundji alors que d’autres projets dans le département n’ont jamais démarré depuis février 2025 ? Pourquoi ce silence de la DGR concernant les chantiers du département ?
Les autorités devront apporter des clarifications et rassurer les citoyens de l’Ogooué-Lolo sur la transparence et l’intégrité dans l’utilisation des fonds publics. L’affaire du « milliard d’Iboundji » est donc loin d’être close.D’ailleurs, par lettre n°075/POL/CAB.G du 24 octobre 2025, le Gouverneur de la province a mis en demeure les PME/PMI locales adjudicataires des marchés soit de reprendre les travaux, soit de rembourser les fonds perçus, soit de répondre de leurs actes devant les tribunaux.










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