Ali Bongo Ondimba (ABO) donne des sueurs froides à tous ses adversaires. Et il y a de quoi. Alors qu’il est sous le coup de milliers de plaintes déposées contre lui pour rejeter sa candidature et qu’un doute plane sur sa filiation, et sa qualité de deuxième légataire universel dans le dossier de la succession Omar Bongo Ondimba, le président-candidat poursuit sa course à la présidentielle 2016 sans coup férir.
Dans la tête du président-candidat
C’est l’hebdomadaire international, Jeune Afrique, qui a tenté de se glisser dans la tête d’Ali Bongo Ondimba, à travers une enquête au cœur du pouvoir gabonais. On y apprend que par son expérience au côté de son père, le président-candidat a appris à maîtriser tous les rouages de ce système, aussi bien ses avantages que ses imperfections.
Le champion des pédégistes est également en prise avec ses propres démons. Après son accession à la tête de l’Etat en 2009, après une élection contestée par l’opposition, ABO a voulu imposer une rupture de ban : il a sonné l’ère du renouvellement générationnel. Cette rupture s’est matérialisée par la promotion des jeunes à la présidence, au gouvernement, dans l’administration et au PDG. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il faut lui reconnaître l’envie d’avoir voulu rajeunir le visage des dirigeants (responsables, chefs, directeurs, etc.) de notre pays.
Cependant cette décision et plein d’autres bonnes ou mauvaises allaient se heurter à la résistance des barons et vieux briscards qui ne comptaient pas laisser échapper leurs privilèges. A cela s’ajoutent les promesses non tenues, notamment les 5 000 logements qui n’ont jamais vu le jour, les nouveaux établissements et salles de classe inexistants, la réduction du train de vie de l’Etat, sans oublier la très sérieuse question de sa filiation et l’article 10 de la Constitution gabonaise. ABO est comme pris au piège.
D’un côté, il y a ses anciens compagnons de route qui réclament sa tête à tout prix. Et de l’autre, ces citoyennes et citoyens qui veulent en finir avec un système qui a fait plus de malheureux que d’heureux. Pourtant, il ne semble pas perturbé le moins du monde. Le président-candidat continue de croire en son étoile et à afficher fièrement un sourire des grands moments après avoir reçu l’accusé de réception de son dossier de candidature à la CENAP (Commission électorale nationale, autonome et permanente).
Une tournée « Républicaine » dans l’arrière-pays
Ali Bongo Ondimba a entamé une tournée républicaine à l’intérieur du pays. Mission : convaincre les indécis qu’il est l’homme de la situation. C’est en foulant le sol de Tchibanga, dans la province de la Nyanga, qu’ABO a entamé son expédition. Une sortie qui lui a permis de jauger la température dans le Sud du pays et de ranimer la flamme auprès de ses soutiens parmi les plus fidèles… et même les plus improbables. En effet, en plus des associations de femmes, des jeunes et les militants du parti démocratique gabonais (PDG), ABO a été accueilli par les partisans de l’Union du peuple gabonais (UPG, aile Mboumba Nziengui).
Lors de ce déplacement qui durera 5 jours, le président-candidat a également entrepris de visiter la province de la Ngounié puis celle du Moyen Ogooué, située au centre du Gabon.
Quid de la DTE ?
Annoncée comme l’action majeure de l’opposition gabonaise, regroupée autour de l’Union Sacrée pour la Patrie (USP), en mai dernier, la DTE (destitution-transition-élection) ne semble pas avoir été enclenchée. L’arme redoutable des opposants gabonais qui était censée faire perdre à d’Ali Bongo Ondimba toute possibilité de se présenter à l’élection présidentielle d’août 2016 a fait « pshiiit ». En effet, Paul-Marie Gondjout, Secrétaire Exécutif de l’Union Nationale, affirmait : « Il est arrivé le temps salutaire de la rupture d’avec la République des Bongo. » Une parole qui annonçait une démarche tendant à mettre ABO hors d’état de nuire. C’est-à-dire de l’empêcher de briguer un énième mandat présidentiel. Pour expliquer leur action, les membres de l’USP ont remis en cause la fiabilité des institutions en charge de l’organisation et de la validation des résultats de la présidentielle (Ministère de l’Intérieur, CENAP et la Cour Constitutionnelle).
La DTE, un pétard mouillé ? Eu égard à la tournure que prennent les événements de ces dernières semaines, faites-vous votre propre opinion. ABO est plus que jamais déterminé à se présenter à cette élection perçue comme un tournant historique par de nombreux observateurs. Mais comment comprendre cette détermination quand on sait qu’il a une épée de Damoclès sur la tête ?
Qui pourra stopper le président-candidat ? Wait and see.
Crédit photo © : Page officiel Ali Bongo Ondimba