Annoncé au terme de l’installation des membres des commissions ad hoc et spécial chargées d’examiner les candidatures et d’élire le Président du Centre gabonais des élections, l’appel à candidature à la présidence de cet organisme en charge de la gestion et de l’administration des élections au Gabon offre aux candidats deux jours pour postuler. Un délai à la fois discriminatoire, fixé dans la précipitation et de nature à susciter plus de frustration que de l’apaisement.
Aux termes de l’article 2 de l’arrêté n°000294/MISDDL portant appel à candidature pour le poste de Président du Centre Gabonais des Élections et fixant les modalités de dépôt des dossiers par les candidats, «les personnes désireuses de se porter candidat au poste de Président de Conseil Gabonais des Élections doivent présenter leur candidature à compter du mercredi 18 avril 2018». Le texte parle de Conseil, en lieu et place de Centre, toute chose qui dénote de la précipitation dans laquelle s’effectue la désignation des membres des comités ad hoc et spécial, ainsi que leur l’installation. Laissant traduire un soupçon de désengagement du gouvernement eu égard à un report éventuel de la date des élections législatives, dont la responsabilité incomberait de facto au CGE.
S’agissant des conditions d’éligibilité et de composition du dossier de candidature, l’arrêté susmentionné précise, en ses articles 3 et 4, que les candidats doivent être de nationalité gabonaise, âgés de 45 ans au moins et justifier d’une expérience dans la haute administration publique ou à des postes de responsabilité dans le secteur privé supérieure à 10 ans. Ils doivent en sus renseigner un formulaire de candidature, joindre une copie d’acte de naissance légalisée, un extrait de casier judiciaire, une lettre de motivation et un curriculum vitae (CV).
Les dispositions de l’article 5 quant à elles fixent à seulement 48 heures, le délai de dépôt des dossiers «auprès de la commission ad hoc d’examen des candidatures, sise à la cité de la démocratie, villa 55, au plus tard le vendredi 20 avril 2018 à 18 heures».
Les conditions liées à l’établissement de l’acte de naissance légalisé ainsi que le casier judiciaire, eu égard aux délais administratifs et judiciaires conjuguées au contexte de grève des greffiers, rendent impossible la production de ces deux documents, sauf si le gouvernement a pris des dispositions particulières aux fins de permettre l’acquisition de ces documents dans le délai imparti de quarante huit heures.
Rappelons tout de même que le nouveau Code électoral qui crée le CGE a été adopté, par Ordonnance, en janvier 2018, il apparaissait ainsi qu’il y avait urgence aux yeux du gouvernement. Dès lors comment expliquer que ce n’est qu’au mois de mars, soit deux mois plus tard, que le Ministre de l’Intérieur a jugé utile d’inviter les partis politiques pour parler de la mise en place de cette structure?
Quid du silence observé s’agissant de la révision des listes électorales, document de base à la tenue des élections législatives. La date du 28 avril 2018, délai fixé par la Cour Constitutionnelle, sera t-elle maintenue?