Passe d’armes entre Issoze Ngondet et Ntoutoume Ayi autour de l’affaire Mborantsuo
Suite aux révélations du journal français Le Canard Enchaîné, faisant état de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet national financier, à l’encontre de la présidente de la Cour constitutionnelle, les réactions à ce scandale financier qui éclabousse une haute autorité du Gabon ne cesse de provoquer l’ire dans l’opinion nationale.
En effet, la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo est sous le coup d’une enquête en France, notamment pour des faits de recel de détournements, soustraction ou détournements de fonds publics et blanchiment en bande organisée.
Joint au téléphone par Radio France internationale (RFI), Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, Porte-parole de Jean Ping et de la Coalition pour la nouvelle République, s’est réjoui de ce que ces révélations soient mises en lumière, car elles démontrent la partialité et la corruption des institutions gabonaises. «A ce que je sache les salaires fut-il du président de la Cour constitutionnelle pendant 30 ans ne peuvent pas justifier l’accumulation d’un tel patrimoine, ça vient confirmer ce qu’on a toujours dit, c’est-à-dire qu’on avait un régime ou un pouvoir de prédation des ressources publiques» a-t-il souligné en réaction à ces graves révélations.
Poursuivant son intervention, le porte parole de Jean Ping, fait le lien entre la découverte de ces faits de malversation et la partialité de celle que l’opinion surnomme «3M». «Quand on voit les montants qui sont évoqués, on se rend bien compte que cette prédation concerne ceux qui sont à la tête des institutions et on comprend mieux pourquoi ces institutions prennent souvent des décisions iniques. La Cour constitutionnelle ne prononce pas souvent ses décisions en droit, elle les prononce en opportunité sinon en défense de ses intérêts».
Par ailleurs, joint par le même canal, le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet n’a pas manqué de fustiger l’immixtion de la justice française dans une affaire qui selon lui n’est pas de son ressort. Il s’est interrogé en soulignant «les enquêteurs français n’ont pas d’autres choses à faire que d’enquêter sur la vie des personnalités politiques gabonaises, je conseillerais plutôt les enquêteurs français à s’intéresser d’avantage à ce qui se passe en France». «Je pense qu’il n’est pas sage de voir des juges d’un pays s’intéresser aux faits s’ils sont avérés qui se sont déroulés dans un autre pays, je pense que la compétence territoriale doit être la règle de base pour apprécier l’étendue des compétences des juridictions de nos pays» a-t-il conclu sans toutefois convaincre.
En effet, Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) est un organisme du ministère de l’Économie et des Finances, chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent. C’est cet organe qui a alerté le parquet financier. Au Gabon, nous disposons d’un organe similaire qui est l’Anif (Agence nationale d’investigation financière). Cette dernière, disposant des mêmes prérogatives que Tracfin est curieusement inaudible au Gabon.