En janvier 2014, l’opinion publique assiste stupéfaite à la destruction des panneaux publicitaires à Libreville. Une décision surprenante qui n’avait pas clairement été motivée par le gouvernement, ce dernier évoquait d’une part la protection du patrimoine routier prévue par la loi n’29/70 du 17 avril 1970 et l’esthétique urbaine d’autre part.
En revanche, ces derniers mois, à l’approche des élections présidentielles on constate une résurgence des panneaux publicitaires avec ce qui semblerait être le slogan de campagne du candidat Ali Bongo Ondimba « Changeons Ensemble ».
Dans le même ordre, l’hebdomadaire L’Aube n’132 paru ce lundi 1er août 2016 revient sur le communiqué lu par René Aboghe Ella président de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap). Ce communiqué rappelle les différentes pièces à fournir pour le dossier de candidature, la date et heure de dépôt de candidature, la date d’ouverture et de clôture de la campagne et bien évidemment la date du scrutin. De plus, L’Aube souligne un point important « le président de la Cénap avait ainsi fixé la date d’ouverture de la campagne électorale au 13 août 2016 à minuit » une date qui apparemment n’est pas respectée par le candidat à sa propre succession. Quand on voit à quel point cette élection se mène sur tous les plans pourquoi le candidat Ali Bongo Ondimba ne se range-t-il pas au même titre que les autres ?
En effet, l’hebdomadaire suscité nous rapporte dans sa parution du lundi dernier qu’aux termes de l’article 69 de la loi 7/96 portant disposition communes à toutes les élections politiques au Gabon dispose: « la commission nationale électorale arrête la date d’ouverture de la campagne électorale; elle est ouverte par décret pris en Conseil des Ministres, sur proposition du Ministre chargé de l’Intérieur, le quatorzième jour qui précède le scrutin. Elle est close à la veille du scrutin à minuit. Toutefois, la durée de la campagne électorale peut être portée à un mois. (…) Toute propagande électorale se fait par affiches, distribution de circulaires, réunions et voie de presse sans préjudice des dispositions de la loi n°14/91 du 24 mars 1992 portant organisation et fonctionnement du Conseil national de la communication. (Loi N° 10/98 du 10 juillet 1998 ».
La réclame « Changeons Ensemble » que l’on retrouve sur des panneaux publicitaires aux quatre coins de la capitale ne constitue-t-elle pas une affiche au sens de l’article 69 sus précisé ?
L’Aube nous rappelle toutefois que la propagande électorale est l’ensemble des documents, affiches, tracts, programmes et, plus généralement, moyens mis en œuvre par les candidats à une élection.
Dès lors, « comment se fait-il alors le que le candidat Ali Bongo puisse commencer la campagne avant la date officielle ? », s’interroge l’hebdomadaire tout faisant remarquer le fait que « La violation de l’article 69 du Code électorale ne devrait-elle pas engendrer des conséquences? » ?
Sauf à préciser que le slogan « Changeons Ensemble » ne sera pas celui retenu par le candidat Ali Bongo Ondimba, l’usage de ce dernier au moment de la campagne consacrerait la violation de la loi électorale.
L’Aube conclue en interpellant « les observateurs nationaux et internationaux » qui ont la mission d’évaluer et d’observer ce processus électoral. Afin qu’ils prennent en compte dans leurs différents rapports, « les irrégularités liées à cette propagande qui a débuté 3 à 4 semaines avant la date prévue ainsi que le silence des autorités compétentes face à ce laisser-aller».